UNE CONVERSATION x YUNA

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© Kopeto

Il y a quelques temps, l’équipe de Da Vibe a pris rendez-vous avec la chanteuse Yuna au Pop-Up du Label à Paris, quelques heures avant son show, sold-out.

Yuna c’est cette belle Malaisienne qui vit aujourd’hui à Los Angeles. Elle n’a pas encore la notoriété qu’elle mérite en France mais elle est une grande star dans son pays d’origine. Elle fait même partie des personnalités asiatiques de moins de 30 ans de Forbes. Aux Etats-Unis, son pays d’adoption, Yuna est une chanteuse en devenir, elle a déjà collaboré avec Usher et Jhené Aiko.

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Sa musique parle beaucoup d’amour et c’est ce qui rythme sa vie. Cela est visible à l’aura qu’elle dégage, Yuna est très douce. Sa voix est pure, elle apaise. En 2016, Yuna nous ramène à l’âge d’or du R&B, tout en restant très contemporaine. Sa voix semble divine, comme si elle n’avait jamais du à la travailler.

La Malaisienne nous a parlé de son enfance, de ses études de droit, de son amour pour la musique, de religion ainsi que de mode. Mais elle nous a surtout parlé de son dernier album ‘Chapters’, qui marque un tournant dans sa carrière.

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Chapter 1 – Introduction

Pour celles et ceux qui ne te connaîtraient pas, pourrais-tu te présenter?

Chapter 2 – Grandir en Malaisie

Raconte nous ton enfance en Malaisie?

Grandir en Malaisie c’était l’éclate. C’était vraiment intéressant parce que j’ai grandi avec des amis de milieux différents, différentes races, différents religions. Avec ma famille, on a beaucoup déménagé dans le pays, on restait pas au même endroit pendant longtemps. Je déménageais tout le temps, des villes aux villages, à d’autres petits villages. Donc c’était vraiment l’éclate parce que j’ai beaucoup appris, j’ai appris à me faire des amis avec des gens différents et j’ai aimé voyager. Je crois que c’est à partir de ça que mon intérêt pour le voyage et voir le monde est né parce que j’ai adoré grandir dans des endroits différents. Rencontrer des gens, me faire de nouveaux amis.

Chapter 3 – Depuis les études de droit à la musique

Après ta licence en droit, comment t’es tu décidé à arrêter les études et à te consacrer à la musique?

Je ne pouvais pas arrêter les études, j’étais dans cette ville puis je suis allé en fac de droit. Au milieu de mes années fac, j’ai rencontré beaucoup d’amis musiciens. Je faisais des shows, des concerts, juste pour m’amuser. Je ne me faisais pas beaucoup d’argent. Après ça j’ai enregistré mon EP juste pour m’amuser encore. Ensuite ma chanson est passé à la radio. Après cela j’ai commencé à avoir de bons revenus grâce à la musique mais je continuais mes études. Je me suis dit, je fais de la bonne musique, les gens aiment ma musique. Mais je continuais le droit et je ne voulais pas arrêter. Donc lorsque que j’ai terminé mes études, j’ai décidé de faire de la musique à temps plein.

Donc avant que la musique arrive, tu voulais être avocate? travailler dans le droit?

Avant d’aller en fac de droit, j’étais très active en chant. J’aimais la musique, j’aimais chanté mais je n’écrivais pas de chansons à ce moment. Quand j’ai découvert que je pouvais écrire des chansons à la fac, tout a changé pour moi. Ça a ouvert des opportunités pour moi d’explorer la musique. Donc avant ça je voulais faire du droit puis je me suis dit vas y fait de la musique.

Chapter 4 – Traverser une rupture

J’ai lu que tu avais traversé un moment difficile durant ta rupture amoureuse. Est-ce que la peine ressentie durant celle-ci a été une source d’inspiration pour ton album?

Un peu, je dirai que ça a contribué un peu à l’album, pas totalement. C’était un moment où il se passait beaucoup de choses dans ma vie. Je pense que je ne devrai pas mettre tout sur le coup de la rupture difficile ou la peine dans mon cœur pendant des semaines parce que ce n’est pas ça.(rires!)  J’ai écris quelques chansons sur cette rupture, d’autres sur moi, sur ma recherche personnelle. Sur ce monde différent. J’ai grandis, je suis plus mature, j’ai appris à m’aimer. Donc j’ai raconté les histoires apprises de mon voyage dans ma vingtaine. Je vais avoir 30 ans bientôt, donc c’est bien d’accepter son statut de femme et je voulais parler de cela.

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Chapter 5 – Evolution

Tu faisais au départ de la folk et de la musique acoustique, maintenant tu chantes du R&B. Pourquoi ce changement? Est-ce que ton déménagement à Los Angeles a eu un impact sur ta musique?

Je pense que le déménagement y a changé quelque chose. De mon déménagement à Los Angeles, j’ai appris beaucoup de choses. Travailler avec des producteurs, des producteurs d’univers différents, qu’ils soient Hip-Hop, R&B. Ce changement à de la musique plus urbaine, plus contemporaine, le changement de genre vient de là. Les opportunités étaient là. Qu’est-ce que j’attendais de plus? J’ai toujours écouté du R&B mais j’aurai jamais pensé pouvoir faire du R&B.

Même avant, quand j’étais très jeune et que j’écoutais du R&B des 90’s. Comme Usher, Alicia Keys, Destiny’s Child, Aaliyah, TLC. Jamais je l’aurai imaginé.

J’ai commencé en faisant de la folk, de la musique acoustique, juste ma guitare et moi. J’avais besoin de faire quelque chose de nouveau. C’était juste moi qui se découvrait, j’ai découvert des choses que je ne pensais pas exister. J’ai beaucoup appris sur moi. J’étais tellement obnubilée par d’autres choses que j’en ai oublié de penser à moi.

Et là j’ai du temps devant moi, je me dis que je peux faire ci, je peux faire ça, tu devrais faire ça. C’est fun le changement. En tant qu’artiste, je pense que l’on ne doit pas rester dans sa bulle trop longtemps. Tu peux être à l’aise mais c’est mieux de se réinventer à chaque fois.

Chapter 6 – Inspirations

Quelles sont tes influences musicales?

J’écoute de tout. Que ça soit du rock, j’écoute Nirvana, No Doubt, Foo Fighter, j’étais comme obsédée par eux. J’étais vraiment très rock. Puis j’ai découvert Destiny’s Child, j’étais genre qui sont ces filles? Puis TLC, qui sont t-elles? Ma musique vient du Hip-Hop de Lauryn Hill, du rock, au R&B, à la folk, aux Beatles.

Chapter 7 – Jhené Aiko

Tu as fait un duo avec Usher. Mais parle nous de comment la collaboration avec Jhené Aiko s’est faite?

Je vis aux Etats-Unis depuis 5 ans. Les gens avec qui je travaille, la connaisse. Et on était toujours en train de se dire « faut qu’on se voit tous avec Jhené » depuis des années, trois ans peut-être. J’ai beaucoup écouté sa musique, je le fais toujours d’ailleurs, c’est une artiste formidable, une bonne musicienne et auteure-compositrice. Les deux ans passés, que ça soit avec la rupture ou autre, j’étais fan d’elle.

J’avais besoin quelle fasse partie de ‘Chapters’. Je la voulais sur une de mes chansons, elle a dit oui. Elle était vraiment gentille, elle a commencé à écrire la chanson, j’étais surprise parce que j’étais vraiment nerveuse. Elle m’a demandée « sur quoi va t-on écrire? » On était bloquées sur cette chanson pendant 6 mois puis elle est allée au studio, elle a commençait à écrire et je me suis dit « tu peux le faire! ». Et c’est devenu une belle chanson pour nous.

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Chapter 8 – Religion

Avant de faire cette interview, j’ai lu beaucoup de choses à ton propos. Mais c’est souvent la même chose qui revient, on t’appelle « La pop star musulmane » « la chanteuse au voile ». Pourquoi penses-tu qu’ils se sentent obligé de t’étiqueter?

Je pense que les médias essayent de m’étiqueter comme « la Malaisienne musulmane » « La chanteuse au voile » parce qu’ils ont peut-être une mauvaise image. Mais je reste juste moi-même. J’ai grandis en Malaisie en tant que Musulmane, qu’est ce qu’ils veulent que je fasse? Devrais- je porter des vêtements sexy? Comme tous ses artistes Pop qui ont réussit de cette manière.

J’ai décidé de garder cette honnêteté envers moi-même, pour le public. Parce que je suis plus à l’aise comme ça. Je reste moi-même. Et pour les gens qui demandent pourquoi, je leur dis que je pratique ma religion, et ils me disent « ah tu es musulmane! ». Peut-être que pour eux ils voient les Musulmans d’une certaine manière, d’une manière différente.

Je suis juste comme tout le monde. J’ai mes propres croyances, ma propre religion, mes propres valeurs. Je suis juste comme tous ces gens qui vivent de la même manière. J’ai un job, j’ai des parents. Je suis juste une personne normale. Donc je pense que c’est important de ne pas s’en occuper.  J’essaye de leur rappeler que je suis une femme normale qui aime la musique. Qu’importe qui je suis, qu’importe ce en quoi je crois, ça ne m’empêche pas de faire de la musique. Bien sûr j’ai mes limites. Je me débrouille assez bien, à garder mon identité. Et travailler avec ses limites. Heureusement je viens de loin et je n’ai pas à retirer mes vêtements ou mon voile. Et les gens aiment le fait que je garde cette distance. Je pense que tous les jeunes ne doivent pas se préoccuper de ce que les gens pensent d’eux et de rester eux-même.

Chapter 9- Mode

Tu possèdes ta propre ligne de vêtements. Peut-tu nous en dire plus?

J’aime la mode et parfois j’aime expérimenter des styles différents et travailler avec des stylistes différents. Récemment j’ai commencé à bosser avec mon styliste malaisien favori. C’est un très bon ami, il est très talentueux. On a sorti une collection, c’est fun, florale, très colorée. On voulait habiller les femmes du monde entier. On veut qu’elles se sentent fières. Certaines diront « je suis trop timide pour porter des fleurs ». En Malaisie, les femmes sont très discrètes, timides. Quand j’ai commencé cette collection, je voulais ramené une fierté. Je ne voulais pas des vêtements soft, du black and white. Je voulais quelque chose de fun et qui me représente, moi et mes amis. Quand on est ensemble on s’amuse, on se marre, on blague et on parle de choses fun. Donc je voulais une représentation de ce qu’on est. En tant que musicienne pour moi et en tant que styliste, pour lui.

Chapter 10 – Avoir 30 ans.

Quels sont tes plans pour tes 30 ans?

Je ne sais pas, je serai en train de bosser jusqu’au jour de mes 30 ans. J’aimerai prendre du temps libre et voyager quelque part pour mon anniversaire et faire quelque chose de plus spirituelle. Malheureusement je dois travailler. Ce qui est pas plus mal parce que je fais ce que j’aime, c’est mon travail et ça prend enfin. J’ai mon album, je suis en tournée.

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Photos : KOPETO

Mua : REMI ATTOUMANI

Vidéo : LOUISE K. MAMBI