IBEYI – DIGNES HERITIERES DE LA SOUL

La France a enfin ses princesses de la Soul ! Ce sont des soeurs jumelles, franco-cubaines vénézuéliennes, qui répondent au nom de Lisa-Kaindé et Noami Diaz, et forment à elles deux le groupe Ibeyi. Loin de nous, métaphore filée sur la gémellité et champs lexical de la duplicité, utilisé à foison lorsqu’on aborde les jumeaux. Il y a tellement à dire sur leur jolie musique, que le fait qu’elles soient monozygotes devient vite un détail. Juste le temps de préciser qu’Ibeyi signifie jumelle en Yoruba

D’ailleurs, dans leur dernier opus, du même nom sorti en 2015 ,elles chantent en anglais mais également en Yoruba. « Une langue africaine importée à Cuba au XVIIe siècle par des esclaves originaires du Nigeria et du Bénin actuels » selon Wikipedia. Via leur musique, elles donnent l’impression d’avoir apprivoisé chaque particule de leur riche héritage.

En effet, elles sont issues d’une famille qui a baigné dans la musique, leur père était un célèbre percussionniste: Angar Diaz. Il semble leur avoir légué cette science de la percussion rumbanesque qui vient s’entremêler à leur voluptueuse Soul. Chaque morceau relève de la prouesse sonore, on y trouve également certaines tonalités funks, comme dans leur morceau Stranger love

Tout ce qu’elles émanent est empreint d’une véracité fascinante. Elles font le choix d’aborder des thématiques qui renvoient à leurs racines,leur titre Chains, est une somptueuse allusion à l’esclavage.

Deux personnalités à la palabre douce et engagée qui nous invitent dans leur intimité. On sent que toutes les émotions transmises sont pures, le clip du morceau Mama says en atteste. Dans ce clip les soeurs Diaz chantent au côté de leur mère, à qui elles rendent hommage mais évoque également l’absence de leur père, peu présent lors de leur enfance et décédé en 2006. Le clip est sobre, poétiquement réalisé avec la thématique récurrente de l’absence matérialisé par une chaise tantôt vide, tantôt occupée par leur mère. Sur un plan, on aperçoit l’une des soeurs fondre en larme, submergée par l’émotion. Une prise conservée qui aurait pu être coupée au montage, preuve de la sincérité de leur art. Comme si elles avaient voulu montrer ce qu’évoque réellement pour elles cette chanson. Cela illustre surtout une réelle volonté d’authenticité dans cet album. De leur riche patrimoine elles ont su créer une musique hybride. Un nouveau genre, une sorte de mélancolie à la fois planante et dansante. Leur productions sont d’une complexe simplicité, elles mêlent de manière atypique piano et percussion sur lesquels leur voix viennent se superposer de manière envoûtante.

ibeyi 2

Au vu de leur capacité, on a hâte d’en découvrir plus. Lorsqu’on sait Naomi, fan de Hip hop ,on ne peut que saliver a l’idée de l’imaginer s’associer avec un artiste du genre, qui saura sublimer sa voix. Lisa s’était déjà essayée à l’exercice, avec succès, accompagnée des rappeurs Leo Seviyor et Tony Karino bien connus dans le milieu underground du rap francais.

Naomi et Lisa honorent chaque branche de leur arbre généalogique de par leurs fulgurances sonores. Dans leur transcendante musique réside une puissance culturelle. Elles partagent désormais ce qui leur a été transmis avec le monde entier: elles seront à Tokyo début mars et sont programmées au prestigieux festival américain de Coachella.