Interview // MILK COFFEE & SUGAR – ENTRETIEN

Deux mois après la sortie de leur album, Da Vibe part à la rencontre de ce duo de MC’s, encensés par la critique et adoubés par Hocus Pocus, Beat Assalliant et Oxmo Puccino himself… entretien :

Da Vibe: MC’s pouvez vous vous présenter aux lecteurs du blog Da Vibe ?

Edgar : Nous c’est Milk Coffee and Sugar on est un groupe de hip hop slam, y’a Gaël Faye et moi Edgar Sekloka, on a sorti notre album éponyme le 10 Mai, on existe depuis deux ans et nous sommes un groupe à découvrir sur scène.

Pouvez vous nous dire quels sont vos parcours respectifs ?
Gaël : on a commencé chacun de son coté, moi j’ai commencé à écrire à 13 ans, vers 16 ans j’ai commencé à faire des mixtapes de rap français, puis vers 2004 j’ai rencontré Edgar sur le projet Eclipse des cent jours qui traitait du génocide au Rwanda, au fil des rencontres s’est formé le collectif Chant d’Encre au sein duquel MC’s est né.
E : J’ai rencontré le slam en 2000 lors de tournois réguliers lors desquels j’ai rencontré certain des futurs membres du collectif Chant d’Encre, ça m’a permis de faire mes premières armes scéniques, en parallèle j’avais un home studio qui nous aura permis de faire nos premières maquettes.

Comment est née cette métaphore au goût de petit déjeuner (rires) ?
G : Au début s’était justes MC’s, pour dire qu’on était des MCs et puis après les premières maquettes on a fait ce jeu de mots parce qu’Edgar avait sorti un roman qui s’appelle Coffee et son nom de scène s’était Sugar, finalement Milk Coffee & Sugar marquait plus l’imaginaire.

Quel message avez-vous voulu passer dans cet album ?
G : On vit dans un monde qui est régie par l’économie et qui nous pousse à être soit consommateur soit producteur et l’idée c’est de dire qu’il y a une autre alternative : celle d’être un humain avec ses rêves ses désillusions, ses espoirs d’être humain avec toutes les émotions que ça implique.

On sent des influences importantes, rap des 90’s (un peu de Mos Def, A tribe called quest, The roots) beaucoup d’accents soul à l’heure ou le hip hop s’éléctronise de plus en plus, votre démarche à contre courant donne du crédit à vos textes finalement…
E : on a la chance d’avoir des hommes, de l’organique, ça nous donne une autre sonorité, mais on ne s’écarte pas non plus du bpm et du deejaying qui font partie de l’héritage du hip hop.
G : en fait c’est des choix qui sont inconscients, on a grandi avec ces artistes donc c’est quelque chose qu’on fait sans se poser de questions, on fait la musique comme on la ressent et nous c’est le hip hop des années 90’s parce que pour nous c’est l’âge d’or du rap.

Vous dites que vous souhaitez ne pas être aliénés, que vous voulez sortir du moule, est-ce que vous n’y êtes pas malgré tout ?
G & E : Bien sûr !
E : c’est en fonction d’un moule que tu te positionne, on dit j’ai mordu à l’hameçon en naissant, ce qui veut dire que dès la naissance tu es dans le truc mais ça t’empêche pas de réfléchir au monde qui t’entoure.
G : L’idée c’est qu’un idéal ne peut exister que si tu es déjà en chemin vers lui, c’est ça l’idée du titre Alien, tu refuses des règles avec lesquelles tu dois composer, dire non c’est déjà réfléchir et ne pas être un mouton.

Le militantisme positif est présent tout au long des titres, qu’est ce que vous faites au quotidien pour « aller au combat » comme vous le dites dans « Parce que » ?
G : On écrit des chansons déjà (rires)
E : On n’a pas de programme politique mais si tu veux je pense que c’est une somme de gestes simples, rien qu’en étant déjà sensible à l’autre c’est déjà un pas, au quotidien on essaye de revaloriser le gratuit, donner une signification à de petites choses, c’est plus une philosophie de vie en fait.

Comment se sont déroulé la rencontre avec Tumi & The Volume et Beat Assaillant entre autres ?
G : On a avait des amis en commun, on est allé les voir en concert et on a pris une claque ! On leur a parlé de notre projet et quand ils étaient de passage à Paris ils sont venus poser avec nous, le texte ils l’ont écrit au studio même et ça a donné Rise up.
Beat Assaillant on lui a proposé un diner genre « opération séduction », on lui a balancé une palette d’instrus et il s’est mis à écrire en live sur l’un d’entre eux il a kiffé et ça a commencé comme ça.
E : et c’est devenus des potes maintenant, ce sont de vraies rencontres c’est ce qu’on recherche et tous nos featurings sont avant tout des aventures humaines.

On a le sentiment qu’ils ont été pensés dès le départ pour une représentation scénique, quel est votre rapport avec la scène ?
G : Si t’as cette sensation c’est qu’on a fait des allers retour entre le studio et la scène, au moment de l’enregistrer on les avait déjà tous joué sur scène. Pour nous la scène c’est le principal, le Cd c’est surtout un support, mais la finalité de notre art c’est d’exister sur scène. Si tu nous dis que demain y’a plus de scène Milk Coffee & Sugar c’est mort !
Par exemple j’aime bien les morceaux rythmés avec un peu plus d’énergie, parce que ça me permet de mieux ressentir le public
E : moi c’est plus les morceaux ou je m’entends bien sur scène, je me sens plus à l’aise dès lors que je sais que ma voix porte et que le message peut-être entendu, je pense au mec qui comme moi voudra capter ce message et s’en délecter.

Instant publicitaire : que diriez-vous aux lecteurs pour leur donner envie d’acheter votre album ?
E : Un son sucré, des plumes amères et des voix lactées (rires)
G : si vous aimez du rap conscient, militant et qui bouge en même temps achetez cet album !

Quels sont les projets de MC’s ?
Le concert du 8 juillet à L’étage, ensuite une tournée à l’automne, une sortie de l’album solo de Gaël à l’automne 2011 et un second roman pour Edgar, un deuxième album pour MC’s… tous ces projets sont de Milk Coffee & Sugar.

Gaël, la question que tu n’as jamais posée à Edgar ? (vice versa)
G : Celle l’a on nous l’a jamais posée ! T’as joué quel poste au foot ? (rires)
E : numéro 9 ! Et toi quelle est ta couleur préférée ?
G : Zèbre ! (rires)

Un dernier mot pour Da Vibe ?
E : Soutenez le rap indépendant et venez à nos concerts en connaissant les paroles par cœur (rires)
G : Da Vibe is the best et vive le Ghana !

Milk Coffee & Sugar dans les bacs depuis le 10 Mai