C’est l’histoire d’un rappeur dont la terre n’est pas assez fertile pour y planter son art et qui donc décide d’aller faire germer son talent ailleurs, son jardin sera donc le monde . Ce rappeur c’est Rejjie Snow, jeune irlandais fougueux et provocateur qui s’apprête à sortir son tout premier album Dear Annie.
Ce n’est pas ta premiere venue en France
RJS: Oui je suis déjà venu, un été pour un festival, il y a deux ans, c’était cool les deux dernières années.
Tu as collaborés avec des producteurs français comme Myth Syzer, comment s’es déroulé cette collab’ ?
RJS: Quand je vais dans différentes villes, j’aime bien rencontrer du monde et travailler avec eux. La plupart des collaborations naissent de relations sincères avec les gens. Alors j’ai rencontré Syze quand je suis venu en France. Tout est très naturel, c’est la meilleure façon de travailler, juste rester simple.
Tu travailles avec beaucoup d’artistes étranger, Myth Syzer cité précédemment, il y a eu aussi Earl Sweatshirt, mais qu’en est-il des artistes hip Hop de ton pays, l’Irlande ?
RJS: Peu d’Irlandais sont dans l’industrie de la musique. C’est chiant parce qu’il n’y a pas de plateforme pour le faire. Il y a beaucoup de personnes talentueuses là-bas mais il n’y a pas d’argent, pas de motivation. Les gens se disent « fuck it » !
Tu serais prêt à être un genre de précurseur: lancer ou inspirer un mouvement Hip Hop en Irlande ?
RJS: Je suis vraiment prêt à essayer, aider les autres, la jeunesse et être un modèle.
Être l’un des seul rappeurs de son pays doit être compliqué mais être l’un des seuls noirs encore plus. Comment l’a tu vécu ?
RJS: Je ne sais pas, c’est pas facile. Pas facile d’être le mouton noir, au moins ça te forge une carapace, ça c’est clair !
Tu as dû faire face au racisme…
RJS: Je me sens loin de ça, c’est un monde différent. Ce n’est pas de la haine, c’est de l’ignorance. Je pense que le racisme c’est de l’ignorance. Tu sais, tous mes amis sont blancs et c’est aussi le cas dans ma famille. Pour moi c’est de l’ignorance, ce que tu vois à télé…
Tu penses que la musique est un bon moyen de dénonciation/sensibilisation ?
RJS: Oui tu peux faire des sons pour évacuer ta colère, pour faire passer un message mais une fois encore, ce n’est pas simple si tu te lances dans ca.
Tu avais proposer une cover particulière pour un de tes projets: Un membre du KKK et une femme noire tous deux aveugles, assis l’un à côté de l’autre
RJS: Cette pochette, c’était pour que les gens l’interprète. C’était pour qu’on en parle, susciter des réactions . J’ai sorti ce projet seul donc je voulais que les gens en parlent, se disent « mais qu’est ce que c’est ? » Ca fait parti de tout le processus.
Tu as un petit côté provoc’, tu aimes faire réagir
RJS: Ouais juste pour rigoler (rire), je ne prends rien au sérieux, je ne me prends moi-même pas au sérieux quelques fois. Si les gens aiment ma musique, ils ont besoin de me connaître, savoir qui je suis.
Tu te faisait appeler Lecs Luther auparavant, pourquoi ?
RJS: Ouais j’aime les bandes dessinées et tout ça ! Mais bon c’était mon premier blaze dans le rap quoi (rire)
C’était en rapport avec Lex Luthor ?
RJS: Oui, J’aime son côté mystique…c’est bizarre… Ca reflète ma carrière.
Les méchants sont plus réalistes. Les gentils sont souvent trop gentils, trop bons.
Il y a une part d’obscur dans tes sons, même parfois visuellement, tu as plusieurs clips qui se déroulent la nuit par exemple
RJS: Je ne sais pas pourquoi mais j’aime la nuit, ça va avec mes paroles, c’est plus calme… (il réfléchit) j’écris la plupart de mes textes la nuit
Tu participes de manière active à la direction artistique de tes clips ?
RJS: Oui je donne mon approbation avant pour tout.
Quelques fois c’est le même directeur artistique, mais tu sais je dois travailler très près du directeur pour être sûr que tout est bien.
Tu chantes également, tu serais capable de faire un album intégralement chanté ?
RJS: Je le ferai bientôt, mais pas pour mon premier album !
Pourquoi avoir appelé ce premier album « Dear Annie », ce prénom à une signification ?
RJS: Je ne sais pas, franchement, j’aime le prénom Annie. J’aime tous les prénoms donc j’ai juste choisi un prénom. Ca représente plein de choses, différentes filles, des expériences différentes… J’ai juste pris Annie pour représenter/englober le tout.
