Près de deux ans après avoir « quitté » son costume de rappeur pour l’échanger avec celui de rockeur, Disiz fait son grand retour dans le rap.
Le 26 mars prochain sortira « Lucide »; cet E.P annonce la couleur de son album « Extra-Lucide » qui sortira à l’automne 2012.
Plus déterminé que jamais, Disiz is back! Entretien…
Pourquoi ce retour dans le rap ?
Il y a plusieurs raisons; j’avais une véritable envie de « rekicker » sur des instrus rap, parce ça m’avait manqué. On vit une période assez critique, même si au regard de l’histoire on a connu des périodes plus difficiles. S’il y a bien un moment où il faut rapper, c’est aujourd’hui. Le rap a toujours été une musique qui s’inscrit dans la réalité. Et enfin l’aspect économique a aussi compté, j’avais besoin d’argent. C’est tout cela qui m’a poussé à revenir.
Il y a plusieurs raisons; j’avais une véritable envie de « rekicker » sur des instrus rap, parce ça m’avait manqué. On vit une période assez critique, même si au regard de l’histoire on a connu des périodes plus difficiles. S’il y a bien un moment où il faut rapper, c’est aujourd’hui. Le rap a toujours été une musique qui s’inscrit dans la réalité. Et enfin l’aspect économique a aussi compté, j’avais besoin d’argent. C’est tout cela qui m’a poussé à revenir.
En 2010 quand tu décides d’arrêter le rap, quel est ton état d’esprit?
Je me suis dit, « j’en ai marre, j’ai plus rien à dire, le rap tourne en rond ». J’avais envie d’essayer autre chose, faire du rock. C’était sincère, pour moi je n’allais pas revenir.
Comment as-tu vécu l’expérience (rock) Peter Punk ?
Il y a deux façons de voir l’expérience Peter Punk ; d’un point de vue commercial, ça a été un semi-échec. D’un point de vue artistique ça m’a énormément apporté, le fait de mettre le pied dans une autre musique, le fait de chanter etc… Les morceaux que je fais maintenant profitent l’expérience Peter Punk.
Comment s’est déroulé ton retour à l’écriture, au rap au sens propre ?
Au départ quand j’ai décidé de revenir, je me suis exercé et je me suis réapproprié le fait de rapper, parce que j’ai beaucoup de respect pour le rap. Ça ne suffit pas un bon texte, si t’as un bon texte et que ça « groove » pas, c’est pourri, si ça « groove » mais que tu ne me racontes rien c’est pourri. Je me suis dit je vais faire une mixtape, mais avec l’expérience de Peter Punk, je « poussais » tellement loin que plusieurs titres avaient largement leur place dans l’album. Mais je ne pouvais pas arriver avec un album, donc j’ai fait un EP. « Extra-Lucide » est quasiment bouclé.
Le premier extrait de ton E.P « Lucide » s ‘intitule Moise, pourquoi ce titre ?
Déjà d’emblée, je veux clarifier une chose, je suis croyant, je ne me prends pas pour Moise. La où on a mystifié des personnages comme Jacques Mesrine, comme Tony Montana, à l’opposé, je prends en référence de véritables hommes qui par leur parcours prophétique, ont un écho dans la vie qu’on a aujourd’hui.
Ton album est prévu pour l’automne 2012 ; tu as prévu des collaborations ?
Pour Extra-Lucide j’aimerais beaucoup inviter Youssoupha, on en a parlé, Orelsan aussi et Oxmo. D’habitude j’invite peu de gens sur mes albums, mais la j’ai vraiment envie de collaborer avec eux.
Tu écoutes du rap français ?
Oui bien sur, j’ai acheté le dernier Orelsan, le dernier Youssoupha, j’écoute 1.9.9.5, j’ai toujours un œil sur ce que fait la Sexion d’Assaut.
Tu joues avec l’humour, tu es parfois ironique, parfois plus sérieux…On pourrait te « qualifier » de MC Tout Terrain ?
Choisir c’est s’enfermer. À l’image de la vie, parfois tu rigoles, des fois t’es triste. Ma marque de fabrique si on peut dire c’est la lucidité et l’authenticité, c’est à dire, peu importe que je sois dans l’ironie, ou dans la rage, j’essaye d’être lucide et authentique. Il ne faut pas que ça devienne une posture.
En 2004, tu as sorti un album au Sénégal, tu comptes renouveler cette expérience ?
J’aimerais bien refaire un album pour le Sénégal, avec tout ce qui se passe il y a beaucoup de choses à dire.
Justement, tu penses quoi de la situation actuelle du pays* ?
J’ai beaucoup de recul sur la situation la bas, parce c’est facile pour moi en tant qu’artiste ici en France de dire : « c’est pas bien, Abdoulaye Wade faut qu’il dégage » même si je pense qu’il doit partir. Je pourrais beaucoup plus parler si j’étais sur le terrain. J’ai de l’estime pour ce que fait le mouvement « Y’en a marre ». Je suis content de voir que les sénégalais ne se laissent pas faire, je suis vraiment très fier de ça et j’espère qu’ils ne vont pas lâcher l’affaire.
Le 8 mars est paru en librairie « René » ton deuxième roman, tu peux nous parler de ton autre passion ?
J’aime beaucoup la littérature, c’est un peu mon premier amour artistique. Avant d’écouter de la musique, je lisais des bouquins. C’est mon deuxième livre, je l’ai écrit de manière plus libre, plus détachée que le premier. Mais tout n’a pas été simple au niveau de l »écriture. Ce que je raconte dans certains de mes titres est en corrélation avec le roman. Dans l’ambiance, dans le positionnement, dans la lucidité, il y a vraiment un point commun entre « Lucide », « Extra-Lucide » et « René ».
Allons nous te revoir un jour au cinéma ? En as-tu l’envie ?
Bien sur je veux revenir dans le cinéma, je m’en suis écarté parce qu’on me proposait des rôles trop stéréotypés. Si je reviens, je vais jouer pour des petits courts métrages, je vais écrire mes propres scénarios. On m’a proposé quelques castings, mais je n’ai pas donné suite.
2012, année d’élections en France et dans de nombreux pays, les rappeurs ont un rôle à jouer selon toi ?
Je pense que les rappeurs doivent toujours jouer un rôle, tout le temps. Le rap doit décrire une certaine réalité. On n’a pas à attendre les élections pour aborder certains sujets.
*interview réalisée avant le 1er tour de l’élection présidentielle (Sénégal)