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Du haut de ses 25 ans, ce bout de femme ne passe pas inaperçu, tant à cause de sa chevelure magique, que de son énergie et sa présence scénique. Rencontre avec la talentueuse Janelle Monáe protégée de Big Boi et Diddy et nouvelle effigie de Monsieur Karl Lagerfeld. Voici donc l’interview de Miss Monáe qui nous décrit son univers bien à elle et sa vision de la vie . #Entretien
Ta Définition de Janelle Monáe ?
Je suis une artiste, je pense que l’art peut aider à sauver le monde et je voudrais y contribuer. Je suis une fille venue d’une autre planète, une sœur. Je suis aussi une penseuse et je suis une personne qui profite de la vie. Voilà ma définition.
Peux-tu nous décrire le son de Archandroid ?
Je décrirais l’album comme étant un film émotionnel pour l’esprit dans le sens où il fait référence à des émotions dont tu ignores l’existence; il te pousse à les ressentir. Il est aussi très transformateur. Quand tu écoutes l’album du début à la fin, il y a un arc narratif que tu ne peux pas louper. Tu ne peux pas sauter les chansons. Tu dois écouter cet album du début à la fin pour permettre la transformation.
L’android est comme un robot et il représente le futur. L’alternative à la discrimination, aux noirs, aux immigrants ou quiconque appartient aux minorités qui se sentent en aparté. Ce sont les « autres ». Je voulais en parler pour préparer les gens à ce que nous allons vivre. Mais l’archandroid est très spécial car c’est un médiateur entre les have et les have not. Elle est très similaire à l’archange de la bible, ou à Néo dans Mat.
Qu’as-tu ressenti quand Diddy t’a contacté ?
C’était merveilleux! Je suis entrée en contact avec lui par le biais de Big Boi d’Outkast. Tous deux m’ont vraiment supportée en tant qu’artiste, mais ils ont aussi supporté mon label, Wondaland Art Society, dont je suis co-fondatrice. Diddy est un as du projet. Il nous a aidé à mettre sur pieds la campagne qui a fait passer notre musique de l’underground au mainstream.
A propos de Big Boi, parles –moi de votre collaboration sur l’excellent « Tightrope ».
Oh merci! (sourire) « Tightrope » est pour le peuple. Je l’ai écrite pour la classe travailleuse, pour ceux qui portent l’uniforme pour aller travailler tous les jours. Ça fait 2 ans que je le porte. Ma mère était gardienne, mon père conduisait des tracteurs. Ces gens là ont besoin d’équilibre dans leur vie. Ils ne peuvent aller trop haut mais ils ne peuvent pas se rabaisser non plus. J’ai donc crée cette danse pour leur permettre de relâcher cette pression et savourer un peu plus la vie… en dansant. Nous sommes tous les deux d’accord sur le fait que l’équilibre est le bon outil pour éduquer les gens, les encourager et les inspirer. Nous avons eu l’idée du clip ensemble , qui a lieu au Palace of The Dogs, où la danse est interdite, et en fait j’ai décidé de me rebeller contre tout ce que l’asile enseigne. Et en général lorsque les gens y vont, ils ont peur des patients qu’ils voient autour d’eux car ils y retrouvent leur propre reflet; ils ont peur d’eux-mêmes. Mais je n’ai pas peur. Ils ne me dérangent pas.
La pochette de l’album est géniale. D’où te vient le concept ? Il faut que tu m’expliques.
(Rire) La pochette de l’album est d’influence égyptienne. Je porte une couronne que j’avais dessinée. Jesse Clarkson, qui a fait des costumes pour The Dark Knight, Iron Man et plusieurs films de Tim Burton, l’a fabriquée, en référence à…
Je pense que les noirs, qu’on appelle toujours minorité, ont parfois l’impression d’être autres. Et l’Android en est une continuité car nous devrons vivre dans un monde plus uni dans lequel l’évolution technologique ira beaucoup plus vite, et seul l’esprit de l’android sera capable de suivre, et surpasser le statut de minorité.
Qu’est-il arrivé à « Lettin’ Go »? Je crois qu’il faisait partie de The Audition ?
Effectivement, « Lettin’ Go » est un titre de The Auditition qui devait être mon premier album à l’époque. Il a déjà 6 ans. J’avais prévu de me révéler au grand jour avec, et je tournais beaucoup à Atlanta, dans les bars lounges et les universités avec ma musique acoustique. Mais c’est une époque révolue, j’ai grandi et je ne veux pas recréer le son qui s’y rattache.
La plupart des chansons de The Archandroid me sont venues en rêvant, ou en studio lorsque je fermais les yeux, je laissais libre court à mon imagination.
J’ai crée le Wondaland Office qui réunit des membres qui refusent que leur appartenance raciale les empêche d’atteindre leurs buts. Il est composé de plusieurs types d’artistes : des visuels, des gens de la scène, des scénaristes, des romanciers, des musiciens… L’art y est en pleine ébullition, et nous créons de la musique de qualité. Nous voulons marquer l’histoire et ouvrir plus de portes pour la prochaine génération. Nous voulons encourager l’individualité.
A quoi ressemble ton armoire ?
Blanc et noir. Je ne porte que des uniformes. J’adore les costumes d’hommes. (Rires)
Parmi les artistes de la nouvelle génération, quels-sont ceux que tu apprécies ?
Erykah Badu, Of Montreal, Deep Cotton, des artistes signés sur mon label, Lupe Fiasco, B.O.B, Estelle, Solange Knowles.
Si tu devais comparer ton album à un film, quel serait-il ?
Un film de James Bond ou de Tim Burton.
Plusieurs magazines te décrivent comme une diva hors du commun.
(Rires) Oui je pense que j’ai redéfini la femme forte, comment atteindre mes objectifs, voire comment s’habiller. Je suis très indépendante, je me coiffe seule, je me maquille seule, je porte mes propres vêtements…
Peut-on te qualifier de visionnaire ?
Heu…oui, je suppose. J’ai une vision, j’ai des objectifs…J’utilise beaucoup mon imagination, j’ai de l’ambition, j’ai envie de réaliser des films…J’ai envie d’utiliser ma musique pour créer un État violet, pas juste bleu ou rouge…quelque chose de magique. Je veux promouvoir la diversité et aider les gens à comprendre qu’il n’existe pas de modèle unique; nous avons différents idéaux.
Le mot de la fin, aux lecteurs de Davibemag ?
The ArchAndroid mon album est dans les bacs. Si vous êtes prêt pour la transformation, A Posséder !
Photos par Linda Drouet.