Interview // La Fouine- La Fouine ou Laouni…Qui Est-Il?

À l’occasion de la sortie de son 4ème album, Da Vibe a rencontré La Fouine. Après l’écoute de ce double-album intitulé La Fouine Vs Laouni, on se demande légitimement qui est La Fouine? Tantôt plein d’égotrip et de provoc’, tantôt réfléchi et attachant mais toujours efficace et talentueux, le rappeur de Trappes nous emmène dans son univers. La Fouine Vs Laouni c’est tout simplement l’album Rap de ce début d’année.
Bien plus qu’un simple rappeur, La Fouine est un artiste avec un grand A.
Rencontre…
La Fouine, peux-tu nous parler de ton 4ème album ?
Cet album c’est moi à 100%, je me livre totalement. En écoutant Fouiny Babe (CD1), on voit que je suis un déconneur, que je dis tout sans aucune censure. Quand je rentre en studio, je ne m’interdis rien.
Dans Les Vents Favorables (CD2), je parle de mes souvenirs, de mon passé, c’est moi tel que je suis à l’intérieur, ce CD peut toucher les cœurs et je pense qu’il est fait pour durer.
La Fouine Vs Laouni c’est ma vision de la musique, c’est la manière dont j’écoute de la musique. C’est plus qu’un album, c’est un état d’esprit.
Comment s’est fait la connexion avec Rohff, qui est présent sur le titre Passe leur le Salam ?
En fait c’est un peu par hasard, on m’a contacté, on m’a dit « Rohff voudrait t’inviter sur son album », j’ai dit avec plaisir. On a enregistré le morceau sur son album, puis je lui ai proposé de poser sur mon album, ça s’est bien passé, tout s’est fait au feeling.
Et pour The Game ?
Pour The Game c’est un peu la même chose, on m’a contacté et on m’a proposé de faire un feat avec lui, j’ai dit pourquoi pas. On s’est rencontré au studio, je lui ai fait écouter la prod’, il a sauté en l’air, il voulait choquer les gens, rapper en français, il m’a demandé de traduire des choses et c’était cool.
Quelques temps après cette collaboration, j’ai écrit le morceau Bafana Bafana ou je dis :
 » j’fais pas du rap français, je fais du rap en français ». Parce que quand j’étais avec The Game en studio, il était hyper impliqué, on se respectait, on était 2 rappeurs, il n’y avait aucune barrière. »
Ce featuring t’a coûté combien sans vouloir être indiscret ?
Honnêtement on s’est arrangé, ça ne coûte pas plus cher qu’un feat’ français. Ce n’était pas un feat basé sur l’argent, il avait envie de le faire. C’était vraiment une bonne expérience.
Tu es continuellement en studio, ou sur scène, on a l’impression que tu ne t’arrêtes jamais…
Je kiffe mon train de vie, bosser en studio avec ma team de producteurs-compositeurs, il n’y a rien de mieux. J’apprécie cette belle dynamique de travail.
J’ai acheté un appartement en face de l’école de ma fille et à 5 minutes du studio d’enregistrement que j’ai créé, ma vie est ce qu’il y a de plus simple. Je dépose ma fille à 8h30 à l’école, je vais au studio, je retourne la chercher à 18h30, je la couche, puis je retourne au studio, je reste toute la nuit, je reviens pour 8h30 etc…
Ma vie c’est mon studio d’enregistrement, je ne vais jamais à Paris, je ne sors jamais en boite, ni au cinéma, ni au restaurant.
Tu as suivi de près le premier album solo de ton frère Canardo ?
Je n’ai pas eu trop le temps, c’était un choix de sa part et il ne voulait pas être continuellement affilié à moi. Il voulait vraiment faire son truc de son côté. C’était aussi la période où j’étais 24h/24 en studio donc j’ai peu suivi tout ça.
Tu as un plan de carrière, tu te vois faire du rap encore longtemps ?
Franchement je ne sais pas, Dieu seul sait. J’essaye de me concentrer, faire les choses bien. Je ne regarde pas beaucoup devant, je regarde souvent derrière, parce que l’être humain a tendance à regarder ce qu’il n’a pas, moi j’essaye de regarder ce que j’ai déjà, ce que j’ai parcouru et d’où je viens et ça m’aide à préparer le futur.
Tu es un artiste qui parle beaucoup d’Afrique, tu es régulièrement là-bas en concert. Tu as un vrai lien avec ce continent…
Je kiffe l’Afrique, mon but c’est d’aller vivre là-bas dans quelques années, je n’ai pas envie d’aller vivre aux Etats-Unis et je n’ai pas envie de rester vivre en France. J’ai envie d’être entre le Maroc, la Tunisie, le Sénégal, le Mali, la Cote d’Ivoire etc…
J’aime l’état d’esprit des gens. C’est un territoire encore à « conquérir », il y a plein de choses à faire, ici tout est déjà fait.
Que t’inspire les récents événements en Tunisie et en Egypte ?
Le peuple en a marre de souffrir, c’est normal qu’au bout d’un moment il se soulève. Le peuple manifeste juste pour être considéré, vivre mieux, se nourrir. Les parents veulent pouvoir élever leurs enfants convenablement et les jeunes ne demandent qu’à grandir dans de bonnes conditions, rien de plus.
Tu es de plus en plus présent sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter), c’est une manière de te rapprocher de ton public ?
Oui, à la base j’ai été « contaminé » par mon entourage. C’est un bon moyen de rester proche des gens, les personnes qui achètent les albums, se déplacent aux concerts méritent plus que ça. Ils méritent qu’on leur accorde de l’attention, et c’est cool de communiquer avec eux.
Un mot sur ta marque Street Swagg, qui est de plus en plus présente dans tes clips
En 2011, avec des collections pour l’été et l’hiver on compte développer la marque.
L’été dernier Street Swagg était présent dans plus de 130 points de ventes, on était juste derrière Ünkut en termes de ventes.
Je kiffe bien m’habiller, tout le délire hip hop et pour moi c’était normal de créer ma propre marque de vêtements, parce qu’à partir du moment où tu as une image, c’est bête de la prêter aux autres.
On a récemment vu plusieurs épisodes de ta web-série, Fouiny Story, le cinéma ça te tente ?
J’aimerais bien, je kiffe jouer la comédie, franchement je suis un mec de Trappes qui a beaucoup galéré, je prends ce qu’on me donne. Donc pourquoi pas, faut voir s’il y a des rôles pour moi (rires).
Pour finir, un mot pour les lecteurs de Da Vibe et pour ton public …
Merci pour tout, merci à ceux et celles qui me donnent la force. J’espère qu’ils apprécieront l’album et comme je dis souvent, ce n’est pas l’artiste qui fait le public, c’est le public qui fait l’artiste.