Interview // Professor Green – MC de la pop UK !


Professor Green profite activement de la vie avec un premier single « I Need You Tonight » – sur un sample du classique de INXS en 1987 – il se trouve dans une situation assez confortable dans le top 5 des singles UK, suivi du single avec le soutien d’une pop star, qui n’est autre que Lily Allen. Mais, dire que Green est un nouvel artiste, dont le premier single s’est directement classé numéro 3, serait un bien grand raccourci. Le londonien de 26 ans peut être considéré de « nouveau » aux yeux du grand public, mais le rappeur a en fait grimpé les échelons dans l’industrie depuis de nombreuses années. Stephen Paul Manderson a grandi à Northwold, à Upper Clapton, dans la ville de Hackney (ville baptisée « La Ville des meurtres » pour son taux élevé de criminalité). Green a été élevé par sa grand-mère et son arrière grand-mère. En grandissant, il avait l’art et la manière d’argumenter et s’invitait toujours aux débats, un attribut dont il pensait se servir pour devenir avocat. Mais, après être tombé amoureux du Hip Hop à l’âge de neuf ans (citant Notorious BIG comme étant l’une de ses plus grandes influences), il changea de direction et, à l’âge de 18 ans, il se mit à rapper. Il s’est rapidement fait un nom par lui-même sur la scène rap underground de Londres, tout en enregistrant des morceaux, et est même devenu le premier (et le seul) rappeur à remporter The Jump Off (un événement du même type que 8 Mile) sept semaines d’affilées … deux fois. Cela lui permit de gagner une place au Fight Klub, un championnat mondial de battle organisé aux Bahamas. Green arriva second et, de retour à Londres, signa un contrat avec le label de Mike Skinner « The Beats ».  Bien que ce contrat n’ait pas marché, Green continue à faire de la musique et connaît un succès dans l’underground. Les choses ont plus tard viré au noir pour l’artiste plein d’avenir, lorsque son père est décédé en 2007 et, en 2009, Green lui-même échappa de justesse à la mort après avoir été poignardé dans le cou avec un tesson de bouteille. La chance du professeur Green allait tout de même arriver. Une conversation aléatoire sur Facebook avec Lily Allen a déclenché un changement de direction pour le MC et les choses ont enfin commencé à se concrétiser. Rencontre lors de son passage éclair dans la capitale .
Tu t’es fait un nom en tant que rappeur qui fait des battles. En fais-tu toujours de temps à autres et en quoi venir de ce milieu a-t-il influencé ta musique ?
Je ne fais plus de battles. Je suis un parolier avant tout et, quand tu fais des battles, le plus important c’est les paroles. Enregistrer des disques est évidemment un peu différent puisque que l’on doit construire toute une chanson. Cela a influencé ma musique dans le sens où j’attache une grande importance aux paroles et pas seulement au fait d’avoir un bon beat ou un bon flow.
Après avoir eu beaucoup de succès lors de concours de battles et un grand buzz dans la scène underground, tu as été signé par Mike Skinner (The Streets Fame). A cette époque, la musique urbaine anglaise, et le rap en particulier, n’était pas vraiment acceptée par le grand public. T’es-tu déjà senti sous pression, comme si tu te battais pour une cause perdue d’avance ?
Pas du tout, je n’ai jamais pensé cela. A ce moment-là, je me disais plus que je n’étais pas prêt à être un artiste. Je savais que faire des battles et n’avais jamais vraiment pensé à l’idée d’enregistrer des disques en tant qu’artiste. Donc, à vrai dire, je n’étais pas vraiment prêt pour cela.
Finalement, ce contrat n’a pas marché. Est-ce que cela t’a découragé à faire de la musique ?
J’aime la musique et c’est pour quoi j’en fais. C’est une honte que le contrat avec The Beats n’ait pas marché mais, le fond du problème c’est que les ventes n’étaient pas bonnes. Comme je l’ai dit, à cette époque, je n’étais pas vraiment prêt à être artiste. Aujourd’hui, je suis très content du contrat que j’ai signé (Green a maintenant un contrat avec Virgin Records) et je travaille avec la meilleure équipe. Donc, dans un sens, c’était un bien pour un mal.
Tu parlais avec Lily Allen sur Facebook et vous avez par la suite enregistré une chanson tous les deux et tu la rejoins sur sa tournée australienne et européenne. Comment cela s’est-il passé ?
Un jour, j’étais connecté sur Facebook et j’ai vu qu’elle l’était également donc j’ai dit « Salut » et on a commencé à parler musique… Ca nous a finalement conduit à reprendre le classique « Dub Be Good To Me » de 1990. La chanson a eu de  très bonnes réactions et j’ai fini par partir en tournée avec elle, une expérience inoubliable. Je jouais devant des foules tellement immenses !
Pendant cette tournée, tu jouais devant un public majoritairement pop. Cela doit vraiment être différent du public des battles hip hop auquel tu étais habitué.
En réalité, c’est encore plus gratifiant de chanter devant des personnes qui n’ont peut-être pas écouté ta musique. Quand tu joues devant ton public de base, tu te trouves dans ta zone de confort. En revanche, jouer devant un nouveau public et les faire apprécier ta musique est plus difficile et donc un peu plus gratifiant.
Internet (et les réseaux sociaux) a évidemment été une bonne chose pour ta carrière. Dans l’ensemble, penses-tu qu’Internet est un ami ou un ennemi pour l’industrie du disque ?
C’est une question compliquée. Cela varie pour chaque artiste. Pour moi, ça a été bénéfique mais pour d’autres, Internet peut leur nuire. Internet et les réseaux sociaux peuvent montrer que les artistes ne sont pas du tout comme ils le décrivent dans leurs chansons. En fait, ils mènent une vie ennuyeuse mais chantent des choses complètement différentes.
Quel artiste écoutes-tu en ce moment ?
J’adore l’album de Tinie Tempah  « Disc Overy » et le nouvel album d’Example et Jessie J sont  également bon.
Un dernier mot ?
Mon premier album « Alive Till I’m Dead » est sorti l’automne dernier . C’est un mélange de toutes sortes de sons. J’écoute plein de musiques différentes et ce mélange va se retrouver sur mon album. Merci.

Photo par Meddy Zoo .