SEFYU x DA VIBE – ENTRETIEN AVEC LE RAPPEUR D’AULNAY-SOUS’

A l’occasion de la sortie de son album, « Oui je le suis » (le 17/10), Sefyu a accordé une interview à Da Vibe. Le rappeur d’Aulnay-sous’ est de retour sur le devant de la scène avec son troisième album, trois ans après la sortie de « Suis-je le gardien de mon frère ? » qui lui a notamment permis d’obtenir un disque de platine et une victoire de la musique dans la catégorie Artiste ou groupe révélation du public. Sefyu et son style atypique sont de retour avec un album qui va sans doute une nouvelle fois en surprendre plus d’un.

Ton premier album s’intitulait « Qui suis-je », le second « Suis-je le gardien de mon frère » celui-ci « Oui je le suis ». Tu as enfin trouvé une réponse à tes questions ?

Je pense qu’après 5-6 ans d’expérience et d’albums, je pense que j’ai réussi à trouver l’image, les caractéristiques qui collent à ma personnalité et à mes propos. Ces titres d’albums correspondent aussi à une construction que j’avais déjà anticipé avant mon premier album. Je me suis inspiré du film « New Jack City ».
« Suis-je le gardien de mon frère ? »remonte à 2008, qu’as tu fait ces trois années ?
On me dit trois ans mais en réalité, c’est plutôt un an et demi d’absence. Mis à part des rencontres, après la sortie de mon deuxième album, je suis parti en tournée avec NTM, j’ai ensuite fait des dates en Afrique et à l’étranger. En 2009 après les Victoires de la Musique, je suis reparti en tournée, dans des festivals etc… J’ai commencé mon album début 2010.
Tes deux premiers albums ont été couronnés de succès, le deuxième opus est même rentré numéro 1 la semaine de sa sortie au Top Album, appréhendes-tu ton retour ?

Numéro 1 etc… ça reste des chiffres. Ce qui m’intéresse, c’est ma lutte, c’est mon combat, pourquoi je fais un album. Je ne vais pas nier que vendre des disques ça fait plaisir, mais ce n’est pas le plus important. Je suis conscient de l’attente, ça fait un moment que l’on ne m’a pas entendu sur un album, c’est normal. Je ne suis pas dans une logique de course au succès.

Tu as beaucoup misé sur l’originalité dans cet opus ?
J’aime bien aller la où je n’ose pas, il n’y a pas de limites, si j’ai envie de faire quelque chose, en studioje le teste, si ça ne me plait pas, je jette. C’est important pour un artiste de savoir prendre des risques.
L’image du rap, aujourd’hui et l’évolution du rap depuis tes débuts
Le rap a encore aujourd’hui des connotations péjoratives, à travers les médias généralistes, qui ont une vision très très fermée du hip-hop. Quand tu dis RAP, c’est comme si tu disais Guerre. On est toujours obligé d’en faire un peu plus que les autres, certains trouvent c’est un discours cliché, stéréotypé, mais c’est une réalité. Le rap est devenu moins « lyriciste », mais les rappeurs sont beaucoup plus structurés. Avant les rappeurs écrivaient bien, mais tout ne suivait pas au niveau des contrats etc… Aujourd’hui il y a beaucoup de rappeurs « nombriliques ».

En 2012 aura lieu l’élection présidentielle, penses-tu que les rappeurs ont un « rôle » à jouer pour cette échéance ?

Il faut pousser les jeunes, notamment dans les quartiers, à revendiquer leur citoyenneté, les artistes peuvent inciter les jeunes d’aller voter, sans prendre de positionnement. On n’est pas la pour dire au gens de « faire ci ou ça ».
Y-a t-il un malaise identitaire en France selon toi ?
À chaque album, j’organise des débats, des rencontres ou j’évoque des thèmes ou je fais réagir des gens, dans des écoles de commerces, des facultés etc…Avec « Oui je le suis », je me suis rendu compte en discutant avec des jeunes de toutes origines, que ce malaise identitaire n’est pas un problème de revendication. Je pense que les jeunes qui par exemple sifflent la Marseillaise, visent avant tout un symbole, les politiques l’interprètent par un manque d’amour, un rejet de la France. Et ce n’est pas le cas.
Tu as lancé il y a quelques mois, le site Molotov4, peux-tu nous en parler ?
C’est un site socio-culturo-sportif. Ça reflète un peu ce que je suis. C’est un site où j’ai envie de rallier, toutes les cultures, faire partager des choses. C’est un site fait par le peuple pour le peuple.
Tu es de plus en plus présent sur les réseaux sociaux, notamment Twitter…
J’apprécie Twitter car c’est une interactivité directe avec le public. J’aime la proximité avec les gens, communiquer avec les gens. Ça casse la barrière de la starification, ça nous permet de redescendre sur terre.