Interview // SOPRANO – L’ambassadeur De Toute Une Génération


Soprano a su au fil du temps s’attirer l’attention de toute une population. A L’occasion de la sortie de son deuxième opus, Soprano nous retrace, son amour pour le rap. Soprano, c’est aussi la personnalité la plus humble du rap et la plus inter-générationnelle de sa génération .  Le rappeur Marseillais a su se recycler et adopter un style bien à lui.  Rencontre avec Saïd M’Roumbaba aka Sopra M’Baba, plus rajeunie et confiant, qui s’est prêté au jeu en posant pour Da Vibe. Une première pour nous, de collaborer avec un rappeur Francophone.  Soprano Version 2010 est de retour ! Entrevue. 
2007-2008 a été une grosse année pour toi. Le premier solo t’a propulsé vers d’autres sphères. L’accueil de l’album a été proche de ce à quoi tu t’attendais ? 
J’espérais que ça marche un peu comme tout le monde mais c’est vrai que je m’y attendais pas autant, même des gens qui n’écoute pas de rap m’ont soutenu. Je suis super content.  Une grande satisfaction. Même si j’ai sorti deux albums auparavant au sein des Psy 4 de la rime qui sont devenu disques d’or, ils ne se sont pas vendus autant que mon premier Solo. Il a été sacré disque de platine.  Au final beaucoup de concert, de rencontre de tout horizon. Quand je marche dans la rue aujourd’hui, je suis reconnu de tout le monde comme je te le disais tout à l’heure, même les personnes qui n’écoutent pas de rap. C’était le but de parler à toute catégorie.
Pour un artiste, l’album le plus « difficile » c’est souvent le deuxième, car c’est l’album de la confirmation, l’attente du public est particulière. En es-tu  conscient ?  
J’en suis conscient, mais le fait que je fasse partie d’un groupe et avoir déjà sorti deux albums auparavant, m’a appris à gérer ça.  Ca veut dire que nous avons sorti le premier album des Spy 4, puis le second, on s’était préparé.  Avec l’expérience, tu sais ce qu’il faut faire et ne pas faire. Surtout te connaître et faire l’album qui te ressemble le plus.  C’est ce que tu apprends quand tu sors un deuxième album. Quand j’ai sorti mon premier solo, j’avais une très grande pression.  Pour le second, elle est venue à un moment où c’est parce que justement le premier avait tellement bien marché hors de mes frontières. Des morceaux comme « Halla Halla » ou « Darwa Darwa» par exemple parleront aux personnes qui sont dans le Hip Hop.  Car ils comprennent ce que c’est du Flow, un morceau technique, ils ont grandi avec ça. Mais Monsieur et Madame tout le monde, qui écoute ce genre de morceau, va se dire mais «  Il raconte quoi ? ». Et c’est la où j’ai eu cette pression, où je ne voulais pas perdre ce public là, qui a aimé mon message et qui a contribué à ma gloire. Il ne faut pas que je me perdre trop dans ce créneau de morceau.  J’aime beaucoup aussi le Hip Hop technique qui reste ma base. C’est là où j’ai eu un moment de réflexion.

Avec tes propres mots, comment raconterais-tu l’histoire de Soprano ?  
Une personne de super Freestyle, ouvert, sociable, qui aime partager, profitant de tous les beaux moments de la vie, qui s’adapte dans tous les styles et toutes les collaborations qu’il fait.  En un mot, Soprano est un Caméléon. 

« Quand j’ai sorti mon premier solo, j’avais une très grande pression »

A quel moment as-tu réalisé, que ta passion se situait dans le rap ? 
Très tôt ! Quand je suis énervé contre le rap, je cite : «  Le rap a gâché ma  vie dans certains sens ». J’ai raté des choses que mes potes ont vécues. Aujourd’hui, je ne sais toujours pas faire de vélo. La mer, je m’arrête là où je n’ai plus pied. Parce que tous mes amis quand ils sont allés s’amuser à la mer, je faisais du rap. Je disais : «  non je n’y vais pas, quand il faisait du  scooter, je leurs disais : «  non c’est des trucs du quartier, je veux faire du Hip Hop ».  Quand ils allaient en boîte, moi je préférais aller dans des concours de break. J’étais seul mais vraiment seul. Je kiffais car c’était ce que je voulais faire. Tous ces petits détails, à chaque fois même si c’est bête, c’est vraiment pour montrer à quel point cette passion pour la musique est toute ma vie. En grandissant, je me suis dit : « Merde, je ne sais faire que ça, rapper c’est ma vie !  ».
D’où te viennent tes dispositions musicales ? Quelqu’un en particulier ? 
J’aime beaucoup le rap Américain, même si je reste un fan incontestable de la langue française. J’essaie de faire ce qu’il me ressemble : Moi !  Je n’essaie pas de faire du rap à l’américaine. Une pâle copie, ce n’est jamais bon.  
Quel rôle a joué ta famille dans ta carrière ? T’ont-ils encouragé ? Ton petit frère est aussi rappeur. (ndlr : Diego de La Swija) 
Pendant très longtemps, je l’ai caché à mes parents.  Ils n’étaient pas d’accord jusqu’à ce que je sorte le premier album des Spy 4. Comme il a beaucoup marché, ils ont compris que c’était un vrai métier et ils ont adhéré. Mon petit frère lui est toujours avec moi, il fait partie du label, s’occupe de mes vidéos. Mes meilleurs amis, ils font partie de mon entourage pro et travaillent avec moi. Mon entourage fait tout pour que ça se passe bien pour Soprano.
Quel est ton patrimoine en tant qu’artiste et individu ? 
Le patrimoine de Soprano, c’est tous les concerts et les échanges qu’il a pu avoir avec son public. Le patrimoine de Saïd l’individu, tout simplement : mes enfants ! 
Parlons de ta musique et du phénomène qui t’entoure, mais aussi au single «  A La bien » sur ce premier solo. Avais-tu pensé, même dans tes rêves les plus fous  que tu connaitrais un tel succès ?  
Honnêtement Non ! Ce morceau je l’ai fais pour la rigolade, à la base un délire entre pote.  « A La Bien » est une expression Marseillaise.  En tout cas, j’ai compris que c’est quand tu t’amuses le plus que les gens comprennent ton message. Dans ma tête, jamais j’aurais imaginé cela. A cause des gens et des médias surtout, le rap n’a pas dépassé les horizons. Et là, les stéréotypes se sont envolés et « A La bien » a été diffusé partout, sur tous les supports.  Et les Américains ont compris ça depuis très longtemps. Nous en France, on est encore à la traine mais grâce à ça, cette chanson est devenue un hymne et pas qu’à Marseille.  Tu peux prendre l’exemple de Rick Ross qui peut te faire des morceaux très underground et des morceaux plus commerciaux avec des grosses pointures.

 « Si le rap s’arrête, je continuerai à faire et développer ma musique »

Comment ta vie a-t-elle changé depuis ? 
Elle a changé au point que je ne sors plus beaucoup, c’est devenu difficile de passer incognito que ce soit pour faire les boutiques ou aller au cinéma. Quand tu as un, puis deux  ou trois personnes qui te reconnaissent, c’est bien au début mais tu te perds très vite et tu te demandes pourquoi tu crées tant d’engouement. Je ne vais pas me plaindre car je l’ai choisi. Mais je ne peux plus par exemple, faire des courses avec ma femme ou mes enfants. 
 D’ailleurs, quels sont encore tes rêves aujourd’hui ? Si le Rap s’arrêtait ? 
(Moment d’hésitation) Si le rap s’arrête, je continuerai à faire et développer ma musique.  C’est à dire la faire évoluer dans d’autres styles, mettre des musiciens  derrière moi, l’emmener dans un autre univers. Je pense que je serais toujours dedans. A l’heure actuelle, je suis entrain d’écrire un synopsis pour un film. C’est un autre projet qui me tient à cœur. 
Concernant ce 2ème album solo, as-tu l’impression de prendre un nouveau départ ?
Toujours, à chaque fois que tu sors un disque, tu prends un nouveau départ. Comme toi, quand tu sors un nouveau numéro de ton magazine. Vu qu’on change tout le temps par rapport à nos expériences, nos gouts (…). Il faut savoir se remettre en question.
On peut considérer que Soprano est un rappeur à deux facettes, d’un côté l’interprète de « Halla Halla », « Darwa » ou encore « Crazy » et de l’autre côté l’interprète de titres plus conscients comme « Bouteille à la mer », « Puisqu’il faut vivre », « La colombe » , « Moi j’ai pas » … Ton avis là-dessus ? 
A la base justement par rapport à ça, mon album je devais l’appeler « La Colombe et Le Corbeau » exprès par rapport à ce que tu viens de me dire.  Puis, nous avons gardé « La Colombe ». Esthétiquement je préfère ce titre, car ce mot véhicule d’abord, une image plus positive.  Si J’utilisais les deux mots,  on pourrait croire que je joue l’amalgame entre le bien et le mal.  Je parle de deux styles artistiques que j’ai.  Tu as le coté rap et conscient, mais c’est vrai que sur mes albums, il y a ces deux facettes. Le mec « bousillé » par l’influence américaine pour le rap Flow, et l’autre par le rap artiste.  C’est à dire un morceau accessible, comme celui qui tourne en boucle actuellement d’Eminem et Rihanna. Un morceau pop mais qui reste quand même du rap.  Ca reste Urbain au final et on le ressent beaucoup dans cet album. C’est ce que je voulais.  J’espère en amener un troisième.

Ton  premier album s’intitulait « Puisqu’il faut vivre », le second s’intitulera « La Colombe ».  Quand on sait que la colombe représente la paix, est-ce que tu considères aujourd’hui être en « phase » avec toi même? 
(Petit moment d’hésitation)  Toujours pas en phase avec moi même, je pense qu’on est toujours la à se chercher. On se découvre à chaque fois qu’il y a un mur devant soit, c’est la qu’on se découvre. Le seul moment de ma vie où je suis bien avec moi-même, c’est quand je suis avec mes enfants. Je me dis ça c’est moi, je les aime, j’en suis sûr et ma religion bien sûr. 


Tu as récemment été  nommé ambassadeur de l’OM, peux-tu nous en dire plus sur ton « nouveau rôle » ? 
Mon rôle n’est pas si nouveau qu’on pourrait le croire. C’est simplement officiel, avant officieux.  Je parlais souvent de L’OM, sans avoir l’autorisation.  Maintenant par rapport à eux, je couvre leurs évènements quand je peux. Si tu me vois dans une émission de foot par exemple, ce sera au nom de l’OM.  Derrière ça, pas d’histoire de salaire ou effet marketing. C’est simplement un échange de bons précédés,  pour ma ville.  C’est une première et un but pour allier le sport et la musique. Et surtout pouvoir développer l’image de Soprano. Amener les gens à ma musique, ça leur permet de découvrir mon univers et tout simplement ce style de musique qui est le Rap.

Pour rester dans le foot, comment vois-tu  l’équipe de Marseille cette année ? Est- ce qu’elle est capable de conserver son titre et de faire bonne figure en ligue des champions ? 
Je le sens énormissime !!! (Soprano avec un grand sourire) avec les nouvelles recrues André Pierre Gignac et Loic Rémy. On est super content !

Pronostics ?
Je pense qu’ils vont gagner encore et qu’ils vont aller super loin en Championnat. J’en dis pas plus, pour ne pas porter la poisse.


Qu’attendre encore de la part de Soprano ? 
Sopra’ en Unplugged, c’est ma prochaine étape. Il y a des mecs comme Oxmo en France (Ndlr : Puccino),  qui a su ramener ça même si il reste beaucoup plus underground que moi .
Est-il possible de t’arrêter ? 
 Non, je ne sais pas faire de vélo, je ne sais pas nager et je ne sais même pas faire à manger (rire). Soprano égal à lui même  et à la musique, plus précisément urbaine