Chronique // Booba- Lunatic

Essayons d’être plus honnête que ce qui se passe à la télé le temps d’un article.
Si le nom Booba a semé la pagaille à Virgin (Champs Elysée, Paris) il y a quelques jours ce n’est pas pour rien.

Est-ce son rap ou son charisme ?
Sans doute les deux. C’est le seul artiste qui peut faire son retour en annonçant « fuck you, fuck la France, fuck Domenech » et chez qui ça paraît alors si normal, si juste et si ponctuel.
Ce n’est pas un come back. Il est resté actif entre mixtape, album et continue son rêve américain car n’oublions pas que c’est là-bas que réside le berceau du hip-hop.
Peut-on vraiment blâmer un rappeur au style si proche de l’Outre-Atlantique? Pourquoi faire? On critique si facilement la France et ses poètes de rues et on en oublie la stupidité de certains Mc d’Atlanta. Est-ce-qu’on critique un joueur de football français car il évolue en Espagne? Non. Alors si Booba est à Miami, n’a-t-il pas le droit de s’adapter à son climat? Vous me direz que ce n’est pas comparable et pourtant que ce soit Benzema, Anelka ou Booba, tous avaient un rêve d’enfance qui se situait à l’étranger.
Ce rêve américain, il le vit. Merci à son « BEP Vente« . Qu’on aime ou pas le rap de club, gangsta et de bi-bi-bi-biatch, on se doit de respecter le business man. On a tendance à omettre les vrais fautifs de la crise du rap français. Ce n’est pas à cause des bouffonneries d’un Kamini, d’un virage pop house de TLF ni d’une Kenza Farah qui dit posséder de la crack musique. S’il y a une crise, c’est qu’il y a un manque d’argent, et s’il y a manque d’argent c’est que peu de gens achètent. Donc les hypocrites ayant ce ton possessif en disant que «’leur’ rap français part en sucette» ne peuvent pas se prononcer si leur dernier achat en date est un album de Mc Solar voir d’IAM. Vous vouliez du rap français ? Booba vous en offre cette semaine avec l’album Lunatic.
Vous connaissez très peu d’artiste qui pourrait s’allier à la crème américaine aussi facilement. P.Diddy en intro? Il est le seul. T-Pain au refrain et Ryan Leslie pour conclure l’album ? Un luxe indéniable. Quand on peut se permettre cela, c’est que votre business avance bien.

En ce qui concerne l’album :
« Caesar Palace » malgré une énergie un peu molle contient des phases cultes. Mais les deux autres singles ont été plus efficaces.
« Jour de Paie » est un nouvel hymne pour tous les hustlers de France. A l’aise derrière la prod, Booba assume tout du début à la fin, même un  » ici c’est Paris/ Fuck l’O.M » qui ne lui rend pas forcément service sur un point de vue promotionnel dans le sud de la France.
Grâce à « Ma couleur », on revient à un Booba plus intime. Un certain souvenir de « Pitbull » devait planer dans le studio.
Néanmoins, on connaît tous Booba et son franc parler, parfois cruel, tantôt exagéré mais auquel on s’attache inévitablement. Il ne se présente jamais comme un exemple mais il rappelle de façon indirecte que l’essentiel est de croire en soi avant les autres.
Que représente le rap français pour vous ? Un semblant de poésie urbaine, des contes de rêve de cité ou une insulte générale contre la société qui nous enferme soumis à une politique douteuse?
Ça peut être les trois pour certains, et aucun pour d’autres. Et c’est justement ce que l’on aime dans le rap. On peut y faire ce que l’on veut.
Ensuite chacun son chemin, rap bling bling, rap conscient, rap drôle, rap triste, rap carcéral… Mais avant de s’exprimer, vomir son âme sur une face B, il a un besoin de faire des chiffres avec des lettres.
Alors qui blâmer ? Un rap trop facile qui s’aide d’une instru trop ricaine ? Un rap trop ouvert au public et dans ce cas pas assez Gangsta ? Qu’est-ce qui définit un bon rap ? Les ventes ou Les lyrics ?
Booba vous donne son rap… Il lui est unique. Appuyez sur play et vous le retrouverez la ou vous l’aviez quitté la dernière fois. Booba, fidèle à lui même, ne laissera jamais personne indifférent.
En fait cet article devrait commencer par la fin. Si cet album n’est pas la première impulsion à la motivation du retour du rap français, si cet album ne suffit pas, que faut-il pour être le boss du rap game ?

« LUNATIC » s’impose. Un album charismatique, encore une fois, qui marquera les esprits.