NAS DE RETOUR AUX SOURCES AVEC KING’S DISEASE

Spike Jordan

«Ultra Black». L’intitulé du premier single de «King’s Disease» nouvel album du rappeur Nas ne laisse planer aucun mystère sur l’état d’esprit de la légende de Queensbridge, trois mois après le décès de George Floyd et les manifestations qui ont secoué l’Amérique.

S’il n’est pas un novice en la matière, Nasir Jones a souhaité marquer le coup avec un premier extrait afrocentrique à souhait, sorte d’hymne à l’identité afro-américaine. Un morceau coup de poing aux rimes aussi fédératrices – Qu’importe ta race, pour moi nous sommes tous noirs» – qu’incisives – «On est ultra-black, à l’opposée de Doja Cat-, en référence aux commentaires racistes proférés par la chanteuse américaine dans le passé.

La plume de Nas fait mouche, même s’il se verra toujours renvoyé à l’excellence de ses deux premières œuvres («Illmatic» et «It Was Written»). À l’heure de la trap et de la drill, le story-telling précis et imagé du New-yorkais ferait presque figure de voyage dans le temps, tant son écriture rappelle les années 90, l’un des âges d’or du hip-hop.

Jouant sans rechigner la carte de la nostalgie à la manière d’un Spike Lee décrivant le New York de son adolescence, le MC de 46 ans ne s’acoquine pas plus que de raison avec la nouvelle génération. Le chanteur en vogue Don Toliver et l’une des nouvelles jeunes stars de la drill Fivio Foreign en sont les seuls représentants, Big Sean, A$AP Ferg, Lil Durk et Anderson .Paak étant des artistes bien établis depuis une dizaines d’années.

Les mélancoliques de la grande époque apprécieront forcément la réunion de The Firm avec AZ, Cormega et Foxy Brown, supergroupe qui n’a jamais donné sa plénitude, quant les détracteurs de Nasir Jones ne pourront que saluer la production de l’album signée Hit-Boy, le hitmaker à l’origine de «Niggas in Paris» de Jay Z et Kanye West.

Nasir Jones semble avoir mis tous les ingrédients pour s’offrir un nouveau succès d’estime.

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