Connue pour son franc-parler et ses textes aiguisés, que ce soit à la scène comme à la ville, Ray BLK (de son vrai nom Rita Ekwere) ne rate jamais une occasion de dire ce qu’elle pense: “J’ai toujours besoin de livrer ce que j’ai sur le coeur” confie l’auteure-interprète britannique. “Je sens que cela fait partie de mes responsabilités, en tant qu’artiste mais aussi en tant que personne qui a la chance d’avoir une tribune pour s’exprimer”.
L’artiste de 27 ans est connue pour sa musique engagée et son nouveau single “Lovesick”, le plus récent “Warriors” – qui figure dans le générique du film salué par la critique ROCKS – ainsi que son album à venir, ne font que prouver, s’il en était besoin, que ‘la fille qui soutient la cause des filles’ est de retour avec ses messages corsés et un catalogue de punchlines bien ciselées qui approfondissant le thème de l’amour de soi. Le résultat sonne comme l’équivalent musical d’une conversation WhatsApp sans fard et sans filtre entre filles.
La réalisation musicale et les thèmes renouent avec le côté brut qui avait fait mouche sur son premier mini-album ‘Durt’ tout en proposant des sons plus épurés et pleins de finesse qui inaugurent une nouvelle ère qu’elle décrit comme plus ‘gangster’. “J’expose qui je suis véritablement, d’où je viens, ce que je ressens et ce côté rien à foutre de tout”, explique-t-elle. Avec cet album, elle explore pleinement cette attitude on ne peut plus sincère qui avait déjà conquis de nombreux fans, et c’est véritablement le contraste de cette voix si jolie qui s’exprime avec rudesse qui la distingue réellement de ses pairs.
Née au Nigéria, Ray BLK grandit à Londres, un contexte social qui influencera considérablement sa musique. “J’étais entourée de Grime et de la culture des clashs des terrains vagues”, précise-t-elle. “Bien que je ne fasse pas de Grime moi-même, j’aime chanter sur des sons percutants”. Elle dépeint avec pertinence les quartiers de Catford et du sud de Londres qui l’ont vue grandir, les mêmes qui ont nourri sa musique, à l’image de “My Hood” en collaboration avec Stormy, le titre qui l’a révélée en 2016, démontrant son talent pour marier la candeur et la virtuosité du rap avec des nappes R&B plus mielleuses.
À l’âge de 8 ans, Ray griffonnait déjà ses textes sur ses cahiers de classe. Son aptitude précoce est remarquée par ses professeurs qui l’inscrivent à un programme musical réservé aux élèves prometteurs afin qu’ils puissent explorer leurs talents. À l’âge de 13 ans, elle écrivait ses premières compositions avec un ami – qui allait devenir l’auteur et réalisateur désormais connu sous le nom de MNEK – avec lequel elle forme le groupe New Found Content. C’était l’occasion pour elle d’approfondir son style introspectif et ce ton enflammé de reflexions socio-politiques qui la caractérisent. Quelques années plus tard, après un diplôme de lettres classiques obtenu à l’université de Brunel dans l’est de Londres, Ray sort ‘Havisham’ une première mixtape (inspirée de Miss Havisham, femme éconduite dans un roman de Charles Dickens) où elle pose sur une sélection d’intrus hip-hop, R&B, et néo-soul. C’est de cette période que lui est venu son pseudo ‘Ray , ‘BLK’ étant un acronyme des valeurs qui lui tiennent à coeur: Building, Living, Knowing (ndlr: Construire, Vivre, Savoir).
L’année suivante, Ray sort ‘Durt’ un premier EP salué par la critique dans lequel apparaissent Stormzy, Wretch 32 ou encore SG Lewis et qui la révèle auprès d’un public fidèle réparti aux quatre coins du pays. Pour ajouter à sa légende, Ray se voit décerner le MOBO Award de la meilleure révélation 2016 et est également la seule artiste non signée à devenir lauréate du prestigieux prix BBC sound of 2017. Autant de reconnaissances qui auront conduit à sa signature par le label Island Records and 2018 et la sortie de son projet 8-titres ‘Empress’ sur lequel elle se montre plus engagée que jamais, s’exprimant à propos de l’émancipation des femmes avec les titres “Got My Own » et « Girl Like Me”. Sur le très percutant “Run Run” Ray, fait état de la violence juvénile qui gangrène son quartier, un des thèmes qu’elle explore depuis longtemps.
Ce sont autant de combats qu’elle mène avec abnégation, évoquant ces sujets difficiles avec une verve sans pareil, que ce soit les violences domestiques qu’elle décrit dans ses titres ou à travers ses partenariats avec des associations pour lesquelles elle intervient en école, évoquant notamment le thème du consentement en rapport avec sa propre expérience d’agression sexuelle. Elle officie également sur la radio Beats 1 d’Apple Music, une tribune qui a été reconduite sur demande du public.
“Lorsque j’étais plus jeune, les trois choses qui me tenaient à coeur était de chanter, jouer et présenter une émission” confie-t-elle. “J’ai l’impression que je peux désormais exaucer mes rêves comme des activités annexes”.
Le meilleur reste à venir pour cette interprète hors pairs qui malgré une discographie qui ne compte que quelques sorties a déjà été adoubée reine du R&B au Royaume-Uni. La jeune artiste compte bien prendre son envol avec une nouvelle énergie insufflée par une sensation de liberté et d’autonomie retrouvée: Après son prix du BBC sound of 2017, elle admet que les pressions qui la poussaient à rentrer dans des formats plus pop et polis, ont disparu.
“Je suis toujours fière de la musique que j’ai pu faire auparavant” dit-elle, “mais je ne vais pas mentir, par moments j’avais l’impression d’être moins sincère, de devoir me conformer à certaines règles, de rester dans les clous et être plus mesurée alors que je suis en vérité plus brute!”.
“Lovesick”, premier single de l’opus « Access Denied » est un hymne à tous ceux fraichement affublés du titre de sauvageons, ceux qui ont décidé de ne plus se satisfaire de ce qu’on leurs proposait. “Il s’agit de reprendre le pouvoir dans une relation où une personne vous fait sentir que vous avez besoin d’elle et que vous ne seriez pas au niveau sinon” explique Ray.
Ray BLK a également surmonté de nombreux défis pour s’imposer dans cette industrie en tant que femme noire à la peau foncée – un autre thème qu’elle aborde fréquemment et ouvertement.
“Je parle de ces moments où l’on vous dit non alors que vous devez toujours vous convaincre que oui, c’est possible”.
Mélangeant les styles et genres avec aisance tout en empruntant à un répertoire large et contemporain, Ray BLK crée un son qui lui est propre. Comme pour préparer à l’album à venir, Ray explique “Ceux qui me suivent depuis ‘Empress’, vont vraiment se dire whoa. Pour ceux qui sont là depuis ‘Durt’ ils vont se dire, “Ok, elle de retour!”.
Aux multiples facettes tant dans la personnalité que dans le style musical, « Access Denied » a fait ses preuves et vallait la peine d’être attendu.
« Over You » (qui sample le Diwali Riddim et met en vedette Stefflon Don) et « Go-Go Girl » (avec le trio producteur/écrivain montant Surburan Plaza) incarnent la nature rebelle de cette « ère des gangsters ». Ce dernier adopte un son américanisé que tout les clubs Londoniens pourraient adorer. « Go-Go Girl » se vante de fanfaronnade endiablée, parfaite pour ces moments avant un grand événement – se préparer pour aller en boite, un festival, un voyage sur la route, n’importe quoi : « Je n’ai pas le temps d’être amical / Savage move et Savage Fenty ; Je suis l’objet de leur envie ».
Cependant, la chanson qui attire le maximun d’attention est «MIA», qui met en vedette la fantasque star du R&B Kaash Paige.
La chanson sample la «Stay With Me» du groupe funk et soul des années 80 DeBarge, le sample est rendu célèbre par le classique «Foolish» des années 2000 d’Ashanti. Parlant du point de vue des romantiques désespérés qui ont l’intention de s’enfuir ensemble (un thème qui est décalé sur l’album, mais qui fonctionne toujours), la voix douce et sensuelle de Ray BLK se traduit par une mélodie auriculaire.
Sur YouTube, il existe une version live solo du morceau : c’est un sans faute, avec le deuxième couplet d’Ekwere comprenant des vers poétiques comme « il n’y a pas de solitaire quand il n’y a que nous ». Le remake de la star texane Kaash est moins émouvant, mais elle offre toujours une fonctionnalité simple mais efficace sur ce joyau caché.
Streamez « Access Denied » sans plus attendre et découvrez les collaboration x Giggs, Stefflon Don, Kojey Radical, Suburban Plaza et Kaash Paig
