TLC – DESTINATION FINALE ! INTERVIEW EXCLUSIVE

TLC , c’est qui ?

La question semble banale : C’est ce trio féminin R&B , qui a vendu plus de 65 millions d’albums depuis 1992 dans le monde, année de lancement de TLC par le label de Kenny « Babyface » Edmonds et Antonio « LA » Reid (LaFace Records) .
Le succès est arrivé sans prévenir et les trois filles d’Atlanta ont été propulsées au rang de star.
Des dizaines de récompenses, des millions d’albums et concerts mémorable… Le parcours de TLC est exemplaire, malgré les nombreuses difficultés rencontrées. Tionne « T-Boz » Watkins, Lisa « Left Eye » Lopes et Rozanda « Chilli » Thomas forment, à elle trois le trio féminin, plus connu sous le nom de TLC, le plus convoité des groupes depuis les années 90.
Pionnières, avant-gardistes, originales et, à l’occasion, inconscientes, ces trois jeunes demoiselles, que l’ont voyait avec des préservatifs sur la pochette de leur tous premier album Ooooooohhh… On the TLC Tip, sorti en 1992 ont révolutionné les moeurs et institué une nouvelle donne artistique au concept provocateur, à l’époque déjà très réaliste.

Pour LaFace c’est le triomphe, les filles déclareront ouvertement, lors d’une cérémonie des Grammys Awards « malgré nos millions d’albums vendus, TLC est en faillite ». Cette phrase fera donc couler beaucoup d’encre, les rumeurs de toutes sortes sur le trio s’amplifient.

En 1995 sortira l’album « Crazy Sexy Cool » avec leur fidèle producteur Dallas Austin, qui contribue largement au succès mondial de ce second opus grâce au titres « Waterfalls » et « Creep ».

En 1999 elles sortiront l’album « FanMail » reconnu également dans le monde grâce aux titres « No Scrubs » et « Unpretty ».

En dépit des dizaines de récompenses (Grammy Awards, Mobo Awards, Soul Train Music Awards, Brit Awards, Mtv Music Awards, Billboard Awards…), le trio au personalités si différente ne pourra changer son destin.
Les TLC basculent dans l’horreur, le 25 avril 2002.
Une nouvelle effroyable survient : la mort accidentelle, en véhicule de Left Eye. Lors d’un séjour humanitaire au Honduras.

Ce que vous allez lire, et donc à ce jour la seule interview française connue depuis 2002 lors de la sortie de leur dernier opus « 3D »

©Dennis Leupold

Nous avons eu la chance de pouvoir contacter la merveilleuse Chilli au téléphone le 15  juin dernier. Visiblement de très bonne humeur, elle nous accueille dans un français plutôt bon :

Bonjour, je m’appelle Chilli (rires)

Lorsque l’on tente de lui en faire dire plus elle nous rappelle à l’ordre en nous expliquant que c’est tout ce qu’elle a retenu de ses cours de français du lycée. Tout ça avec un rire communicatif au possible.

Armée d’un humour presque sans faille et d’une grande gentillesse, elle revient sur les début de TLC, sur la regrettée Lisa Lopes, mais aussi et bien évidemment sur le tout nouvel album du groupe. C’était un plaisir pour nous de discuter avec elle, alors on espère que vous prendrez autant de plaisir à découvrir cette interview.

On vous a découverte en 1992 avec le premier single de TLC. Vous faisiez de la musique avant ça ?
Non, pas professionnellement, j’étais à l’école avant TLC.

Te souviens-tu du premier titre enregistré ensemble ?
Oui je me souviens c’était  « Ain’t 2 Proud 2 Beg »

Vous avez vendu plusieurs millions d’albums. Ça été une surprise pour vous à l’époque ?
Oh oui! Je veux dire on était vraiment choquées. A l’époque on avait 20 et 21 ans et on étaient juste heureuses de pouvoir réaliser notre rêve d’être artiste et on avait aucune idée de comment le monde allait nous recevoir. Les gens ont commencé à s’intéresser à nous et on était vraiment excitées !

On va pas épiloguer longtemps sur le sujet , mais une pensée pour Lisa « Left Eye » Lopez ! Au moment de sa disparition chacune d’entre vous; comment avez-vous pu gérer son absence ?
On a vraiment été dévastées quand c’est arrivé. On était en train d’enregistrer l’album 3D et on ne pourrait plus jamais enregistré ensemble. C’était juste très dur à réaliser, pas croyable.
Et c’était dur pour nous de nous produire ensemble parce qu’on entendait sa voix sur les chansons, c’était vraiment dur. Et quand il y avait des vidéos ou des photos on ne regardait jamais parce qu’on ne voulait pas fondre en larmes sur scène.  Et maintenant on la célèbre, à chaque fois qu’on se produit on le fait !

Left Eye en 2001 – Photographié par L’artiste Atsuko Tanaka

Peux-tu nous donner une anecdote la concernant ?
(Rires…) Oh que oui, je me rappelle qu’à chacun de nos concerts T-Boz et moi on se mettait jamais à côté d’elle car, lorsque les morceaux up-tempo arrivaient, elle bougeait tellement que, parfois, on se prenait son micro (rires), lorsqu’elle gesticulait dans tout les sens! Combien de fois elle ma heurtée! J’ai vraiment de très bon souvenirs, je pourrais t’en raconter tellement.

1999, shoot pour la presse internationale par le photographe Ron Davis

As-tu eu des regrets dans ta carrière ? Le succès ça a dû être énormément de pression ?
Non, pas vraiment des regrets, parce que tout ce qu’on a fait nous a aidés à nous faire évoluer en tant que femme, et a renforcer le groupe c’est sur…Mais honnêtement si je pouvais revenir en arrière  je changerai quelques trucs (rires) Mais je peux te dire que T-Boz dit tout le temps qu’elle ne changerait rien du tout !
Lisa répétait sans cesse « On est tous des produits de notre environnement ».
Tu sais, tout ce qui monte doit redescendre. On peut se laisser avoir par la hype que génère le succès quand on se fait courir après pour un auto-graphe. Je crois que c’est pour ça que certains artistes se droguent, ils ont besoin de la « dope » pour compenser leur baisse de popularité.

Selon toi  à l’époque qu’est qui différenciant TLC des autres groupes de R&B ?
D’abord il y avait des tonnes de girls groups mais TLC lançait les tendances. Je pense également que ce qui nous différencie des autres groupes déjà c’est qu’on était trois artistes différentes. Mais vraiment complémentaires. Et dans notre groupe il n’y avait pas de leader, on était toutes à égalité. Ce n’était pas parce que Lisa ne chantait pas. On était toutes égales dans ce groupe. C’est une première chose.
Et deuxièmement je pense que ce qui nous a permis de nous différencier c’est le côté fou, sexy et cool. Chaque femme a une partie folle, sexy et cool en elle.


 

On peut se laisser avoir par la hype que génère le succès quand on se fait courir après pour un auto-graphe.

 


Aujourd’hui vous influencez encore énormément d’artiste de la nouvelle génération on pense à Drake qui avait repris « Fan Mail », J.Cole, où même Katy Perry qui vous cite en référence.
On adore que des gens comme comme Drake, nous prête attention et reprenne nos titres. Parce que on sait ce que c’est de se sentir comme ça par rapport à d’autres artistes, et de citer des personnes comme Michael Jackson et d’autres artistes incroyables. Donc quand quelqu’un dit des trucs comme ça à propos de nous on est du genre “Quoi?!”
On est vraiment fier du groupe qu’on est, qu’on dise de nous qu’on défend les femmes, le girl power… C’est exactement ce dont TLC parle au quotidien.

Justement , Parlons du dernier single « Way Back » votre collaboration avec Snoop Dogg, dès le début on sait déjà à quoi s’attendre quand T-Boz chante.Pourquoi ce choix de collaboration avec lui?
On a toujours voulu travailler avec Snoop, il n’y a qu’un seul Snoop Dogg. C’est marrant parce que la chanson sonne naturellement côte ouest. Pour nous c’était la seul personne que nous imaginions pour la chanson, et il était excité et il l’a fait ! On est contents du résultat.

Votre dernier album sortira le 30 Juin financer entièrement via KickStarter en grande partie  par vos fans. Dans quel état d’esprit étiez-vous, quand vous avez lancé ce crowdfunding ?
On a toujours parlé de faire d’autres musiques, on n’a jamais vraiment arrêter. Mais avec le succès du film CrazySexyCool: The TLC Story on a toucher toute la nouvelle génération de fans. Une combinaison des gens qui nous soutiennent depuis le début et les nouveaux qui sont arrivés avec le temps. Notre manager est venu nous parler de KickStarter et nous aimions l’idée que nos fans soient impliqués. On leur a fait savoir qu’on voulait qu’ils en soient et ils ont été vraiment impliqués. Donc c’est aussi leur album, autant que le nôtre.

Justement peux-tu nous éclairer sur cette période ou TLC avait fait faillite ?
Le problème ne résidait pas dans le fait que nous dépensions de façon démesurée, mais plus sur les aspects contractuels. A cette époque on avait une manageuse qui se prénommait  Perri « Peebles » Raid. On était lié à sa structure de production par un contrat, tandis que nous étions signés sur LaFace Records. Peebles, quand à elle nous prenait 50% des royalties, dont 20% de commission en tant que manager et nous l’autre moitié.

© Ramona Rosales

Vous étiez à Londres le mois dernier, à quand une venue en France ?
Je sais qu’on doit le faire. On commence la tournée aux Etats-Unis en juillet, ça démarre le 7 juillet, avec le « I Love The 90’s Tour ». Et on vient en Europe à l’Automne. On veut absolument venir et se produire, pour la première fois depuis quelque chose comme 20 ans (rires) donc ça va être énorme. Et puis J’ai vraiment besoin de travailler mon français (rires)

TLC, sais-tu quand ça sera fini ?
Comme disait Andy Warhol, on a tous droits à nos quinze minutes de gloire. En tant que TLC on ne sait pas combien de temps vont encore durer nos quinze minutes  … (rires).
Sincèrement, C’est difficile de dire ce que sera notre avenir. Je pense que c’est notre dernier album studio mais on continuera de travailler ensemble. On va continuer de chanter et danser pour vous.
Mais a un moment donné il va valoir laissez tomber. Dans ce business, il y a plein d’opportunités. Avant que l’on ne soit trop vieilles et qu’il ne soit trop tard … (rires) J’espère qu’on pourra avoir un show de façon permanente à Las Vegas.


Playlist Spéciale TLC

 


Texte : Alexandre « Scander » Demange
Propos recueillis par Charlotte Bourret
Remerciement : Catherine Gaud / Agence Ephelide


 

TLC l’album sortie le 30.06