UNE CONVERSATION x JIMMY JAM

JimmyJam

Vendredi 04 Mars dernier . Après plus de 10 minutes à essayer d’appeler un numéro Américain qui sonne dans le vide . Da Vibe a eu la chance de pouvoir s’entretenir avec l’un des producteurs de ses albums depuis « Control » en 1986.  En effet, le 10e album de Janet Jackson signe le retour du duo de producteurs Jimmy Jam et Terry Lewis. Ils ont été à l’origine de 16 titres accédant à la 1ere place du classement du Billboard Hot 100. Ils en autre ont collaboré avec Michael Jackson, Usher, Mariah Carey, Mary J. Blige ou encore Gwen Stephani. Jimmy Jam nous dévoile le processus derrière l’album « Unbreakable » de Janet et explique le parcours du duo de producteurs.

Comment avez vous débuté dans l’industrie musicale ?
J’ai grandi dans la musique, en effet j’ai commencé à 12 ans, j’ai rencontré Terry à 13 ans,  à 20 ans, on avait formé le groupe de « Flyte Tyme », on a fait la première partie de Prince, on a commencé la production avec les albums du groupe.  Puis on a eu l’opportunité de produire pour le groupe On a été viré par Prince, mais un des titres que nous avons produits a connu un énorme succès. Après avoir travaillé avec d’autres artistes, on nous a présenté Janet Jackson, on a eu tout de suite la même vision musicale, ce qui a nous permis de produire son album « Control » en 1986. Ce fut le début d’une longue collaboration.

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Quelle est votre meilleure collaboration en dehors de Janet Jackson ?
C’est une question compliquée (rire), mais je dirai surement Michael Jackson, la chanson  , il est incroyable en studio, il est très professionnel, rapide et efficace. C’était vraiment impressionnant à observer.

Quelle fut votre réaction quand Janet vous a contacté pour faire un nouvel album ?
On était super heureux, on a fait un bon nombre d’albums, on en avait déjà parlé mais elle disait qu’elle n’était pas prête pour faire un album maintenant, donc ce fut dingue lorsqu’elle nous a contacté pour un nouvel opus. On est revenu à la période de « Control », notre trio Janet, Terry et moi comme pour son 1er album avec nous. Et moi j’étais aussi content parce que ca voulait dire qu’elle avait des choses à dire, elle a beaucoup de gens qui peuvent se reconnaître dans son boulot, elle avait déjà beaucoup d’idées sur la construction de l’album.

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Raconte moi le processus pour l’album « Unbreakable »
On a vraiment essayé de reconstruire la dynamique qu’on avait avec « Control », quand on faisait cet album personne ne le savait, à part uniquement quelques personnes. Donc personne ne décider du management de l’album à part nous trois. On passé 5h ou 6h en studio. Et à cette époque on essayait d’apprendre à se connaître, du coup on passé plusieurs jours ensemble lorsqu’elle venait à NYC par exemple, pour savoir la vision de chacun, comprendre ce que Janet avait envie de faire passer comme message dans « Unbreakable », et c’est pour ça que l’album est si personnel. C’est sa voix. On a fait tous nos albums dans cette approche, et elle semble être efficace.

As-tu une chanson de Janet préféré ?
Wouah ! (rire). C’est comme si on te demandait quel était ton gâteau préféré ! (rire)
Je dirai, « Control », produire cette chanson était géniale, surement parce que c’était tout nouveaux, on venait de rencontrer Janet, il y aussi le coté engagé de la chanson qui joue beaucoup.

Peux-tu me donner ta vision de l’industrie musicale actuelle, et les différences avec celle du passé ?
C’est déjà différent avec l’apparition des nouvelles technologies pour enregistrer. C’est complètement impossible de faire ce qu’on fait maintenant à l’époque de « Control » par exemple. Maintenant on dispose d’ordinateurs ultra performants. On a pratiquement produit tout « Unbreakable » uniquement sur nos ordinateurs. Ce qui nous évite d’être constamment dans un studio, on pouvait travailler n’importe où, dans un hôtel par exemple.

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D’autres part, la technologie a aussi transformé la façon de diffuser la musique et de rémunérer les artistes. On a le streaming maintenant qui n’est pas avantageux au niveau des royalties, surtout pour les auteurs. De plus maintenant avec le streaming ce n’est pas la même chose, parce que nous on va en tourné, mais si vous écrivez seulement les chansons vous n’avez pas la possibilité de gagner beaucoup. Il n’y a pas de reconnaissance pour le travail accompli. La technologie a à la fois permis l’extension de la créativité, tout en imposant aussi des contraintes aux artistes. Il doit avoir une façon juste pour eux d’être payé pour le travail qu’ils accomplissent. Tu vois par exemple , j’ai juste reçu la copie d’ « Unbreakable » le format lui même est génial, la couverture, tout le package est vraiment incroyable. Et tout cela vous ne pouvez pas l’avoir en streamant l’album par exemple.

Où trouves-tu ton inspiration ? Sachant que vous êtes dans cette industrie depuis plus 30 et la musique actuelle commence à avoir les mêmes sonorités.
L’inspiration vient de l’artiste avec qui on travaille en fait, on s’adapte, on a bien sur nos propres idées, et nos expériences. Mais c’est l’alchimie avec l’artiste qui construit l’album ou le titre. Et c’est exactement le cas avec Janet, on va s’asseoir, parler, jouer du piano, et lorsqu’on discute on arrive à s’imaginer une chanson, en fait la plupart de nos chansons sont comme des « soundtracks » de nos conversations. Et je peux dire juste avec sa façon de bouger si la chanson qu’on joue lui plait ou pas du tout. Donc c’est vraiment une question d’alchimie, par exemple, certains artistes ont demandé de travailler avec nous, mais on a préféré leur suggérer les bons producteurs qu’ils devraient plutôt contacter afin d’avoir la même vision artistique. On ne veut pas travailler avec des artistes juste parce qu’on nous le demande, c’est contre-productif et malhonnête.

Quels sont les artistes avec qui tu veux bosser ?
Oui beaucoup, Sade est la première, je ne pensais pas qu’elle est besoin de direction artistique puisqu’elle s’en sort très bien tout seul, mais maintenant qu’on est devenu très bon dans notre art, je pense qu’on ferait un très bon album ensemble. Peut-être que ca se fera, qui sait.

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Kehlani, je suis un grand fan, j’aimerai beaucoup travailler avec elle.

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Il y a aussi beaucoup d’artistes étrangers, en Grande Bretagne comme MNEK par exemple Je lisais les tweets, j’arrive à découvrir tellement d’artistes grâce aux réseaux sociaux. Et je peux les contacter plus facilement.

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As-tu des conseils pour les jeunes artistes et les producteurs qui débutent ?
Mon slogan c’est « always be prepared », ça sonne comme une phrase clichée, mais c’est la vérité.

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Parce que si tu essayes d’être un producteur, ou un chanteur, il y aura toujours un moment ou quelqu’un va t’aider. La majorité des gens disent « oui j’attends depuis des années qu’on m’appelle, de rencontrer la bonne personne » etc, mais il faut remplacer le mot « attendre » avec le mot « se préparer », si tu t’engages dans cette logique tu vas tout faire pour être meilleur et prêt. Parce que je parlais avec beaucoup de A&R et je leur demandais qui parmi les artistes qu’ils rencontraient, de me donner le nom de ceux qui ramenés leur démo, qui avait un site internet, une page facebook, etc. Il y avait un artiste qui m’avait donné une démo, et je lui demandais comment il savait que j’allais être à cet endroit ce jour là. Il faut absolument être prêt, si je te demande le nom de ton groupe et que tu n’as pas de stylo pour l’écrire par exemple, c’est une mauvaise impression que tu vas laisser. Si tu veux bosser avec un artiste en particulier, renseigne toi sur lui, quel instrument il aime utiliser, quelle chanson il aime, plus tu as de connaissances sur l’artiste que tu vises, meilleur sera les chances que tu auras de lui parler, et d’avoir une réelle conversation avec lui.

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Quelle est la suite pour Terry et toi ?
Être toujours en studio, on n’a pas envie d’arrêter, mais il faut, il a beaucoup de chose à faire encore.On s’occupe du développement d’un autre groupe de 5 mecs, ils ont entre 17 et 19 ans ils chantent sur des harmonies et des sons, on faisait un album juste avant « Unbreakable » en fait. Il faut se préparer pour les années à venir et je pense qu’on est plutôt sur le bon chemin.

Propos recueilli par Victorine Amoussou-Modéran . Remerciement Margaux Cassier / Live Nation France .