UNE CONVERSATION x IBEYI

Julien Gremm

On vous a déjà présenté les sublimes jumelles qui composent le duo Ibeyi. Lisa et Naomi ont su se faire une belle place dans le monde de la musique et ce n’est pas un hasard. Issues d’une famille qui a baigné dans la musique, c’était presque une évidence pour les deux jeunes filles d’en pratiquer elles aussi. Mais se seraient-elles doutées qu’elles en seraient là aujourd’hui ? Pas sur.

Nous n’avions jamais vraiment imaginé faire de la musique plus que pour nous mêmes

Et pourtant elles rencontrent aujourd’hui un véritable succès.

En effet leur premier album éponyme marque les esprits et depuis elles enchaînent les bonnes surprises :

On a eu la chance de tourner plus de deux ans dans le monde entier, on a fait des rencontres incroyables

Et ce n’est pas prêt de changer puisqu’elles dévoilent leur second album, qui est né de leurs expériences en tournée. Elles s’ouvrent au monde et s’attachent à des sujets de société.

Nous l’avons écrit en entendant le public chanter dans notre tête.

Toujours très attachées à leurs origines, on retrouve la culture Yoruba dans leurs textes et c’est toujours aussi beau. Fidèles à elles mêmes et à leur musique, ce nouvel album est une petite merveille. Da Vibe les a rencontré pour en discuter :

Alors est-ce que vous pouvez commencer par vous présenter un petit peu pour ceux qui vous ne connaissent pas ? et nous faire un debrief sur votre année passée (tournée, festival, Beyoncé)

On s’appelle Ibeyi , on est jumelles , on compose et on écrit nos chansons.

Avec le précédent album, on a eu la chance de tourner plus de deux ans dans le monde entier, au Japon , en Australie, aux USA,  au Canada, en Amérique latine et  dans toute l’Europe . On a fait des rencontres incroyables , Prince étant celle qui nous a le plus marquée . Beyoncé nous a demandé de participer à son film Lemonade et on a joué dans des festivals comme Coachella ou le festival des Roots .

On vient de terminer notre deuxième album à Londres, et on est super excitées et fébriles de voir si les gens vont se l’approprier.

La musique a toujours fait partie de vos vies, vous avez créé votre duo en 2013; C’est une idée que vous aviez depuis longtemps ? Comment vous en êtes arrivées là ?

Lisa :Le hasard de la vie et des rencontres.

Naomi : Nous n’avions jamais vraiment imaginé faire de la musique plus que pour nous mêmes. Grâce à la rencontre avec Richard Russell et à notre désir commun de travailler ensemble, nous avons pu faire notre premier album, puis ce deuxième.

Comment vous vous êtes réparties les rôles dans le groupe ? ça a été naturel ?

Très naturellement. L’une  compose les musiques et écrit les paroles (parfois toute seule parfois avec notre mère) et l’autre crée les rythmes et les beats. Puis en studio nous faisons tous les choix ensemble, avec notre producteur Richard Russell.

Vous avez sorti votre album Ibeyi en 2015, un album très personnel qui tourne autours de vous, de votre histoire. Votre nouvel album il parle de quoi ? Qu’est ce que vous avez voulu faire de différent ? ou pas d’ailleurs

Lisa : Ce nouvel album est un album créé après 2 ans de tournée, il a été conçu aussi pour  être joué sur scène.

Naomi : Nous l’avons écrit en entendant le public chanter dans notre tête. C’est aussi un album plus ouvert sur le monde, nous voulions parler de sujets importants pour nous comme dans Deathless,  par exemple. On espère aussi  faire bouger le public. La production est plus hip hop.

Naomi

Est-ce que chacune peut nous donner un défaut de l’autre ?

Lisa sur Naomi : Son impulsivité

Naomi sur Lisa : Elle est trop casanière

Lisa

Dans vos musiques on entend autant l’influence pop, hip-hop, electro et évidemment les influences liées à vos origines et notamment la culture Yoruba. Y-a-t-il des artistes en particuliers qui vous ont inspiré et qui vous inspire encore actuellement ?

Énormément d’artistes nous inspirent tous les jours ! Nina Simone, James Blake, Fink, Kendrick Lamar, Gainsbourg, Amy Whinehouse mais aussi Frida Khalo, Francis Bacon, Cassavetes, Rodin et beaucoup d’autres.

D’ailleurs pourquoi c’est important pour vous d’intégrer la culture Yoruba à vos musiques ?

Les chants Yoruba font partie de notre héritage culturel. On les a intégrés  dans nos chansons de manière très organique. C’est une partie de nous, de nos racines,  qui s’exprime à travers ces chants.

Pourquoi vous avez choisi de chanter en anglais et pas en espagnol comme dans « Me Voy » ou même en français ?

À 14 ans quand on a commencé à composer, nos premières chansons étaient en anglais. On ne savait évidemment pas qu’elles feraient partie d’un album. Aujourd’hui l’envie d’écrire en français est là, mais les textes ne nous plaisent pas encore, on ne désespère pas d’y arriver un jour .

Vous avez fait une grosse tournée jusqu’à fin 2016, y a un endroit ou vous avez particulièrement aimé vous produire ?

Naomi : Certaines villes des USA dans lesquelles nous avons joué plusieurs fois comme Chicago, Atlanta ou NY , Río de Janeiro  et Cotonou au Bénin sont des souvenirs inoubliables. Le public nous a fait cadeau de leur incroyable énergie et leur participation.

Lisa: Mais on aime jouer partout, à chaque fois c’est un nouveau défi.

Naomi : Nous avons hâte de repartir en tournée.

J’imagine que c’est absolument pas d’actualité mais vous vous imaginez un jour vous lancer dans des carrières solo ? Peut être sans pour autant arrêter Ibeyi  mais essayer de voir ce que ça donne chacune de son côté parce que j’ai cru comprendre que vous aviez quand même des styles un peu différents

Naomi : Pour le moment on n’y pense pas !

Lisa : On aime collaborer ensemble et on est convaincues que notre musique est meilleure quand on est ensemble.

Lisa tu as écris « I Wanna Be Like You », une chanson à propos de Naomi, qu’est ce qui t’a poussé à le faire ?

Naomi a des traits de caractère que j’adorerais avoir, elle est sauvage et instinctive. Elle méritait une chanson. On mérite tous une chanson.

Vous avez intégré des passages des discours de Michelle Obama (No Man is Big Enough for my Arms), des passages du journal de Frida Khalo…ce sont des femmes qui vous inspirent ? Quel message vous voulez faire passer ?

Naomi : C’est ce que Michelle Obama dit des jeunes filles  dans ce discours qui nous à touchées, des mots forts, justes mais aussi presque poétiques.

Lisa : Et depuis toujours nous sommes des fans de Frida Khalo et de sa peinture.

Naomi : Nous avons des cartes postales de ses tableaux  partout dans notre appartement.

Lisa : C’était une femme libre, une femme qui a transformé ses blessures et sa douleur en beauté , une femme qui était fière de son héritage, une femme forte, un exemple pour nous.

Vous pensiez à quoi en écrivant « Ash » ? vous pouvez me traduire les passages qui sont dans une langue que je ne comprend manifestement pas ?

Ash parle de ce que nous voyons.

“ Le monde ne va manifestement pas bien. Peut on continuer comme cela ? Nous sommes des cendres qui tourbillonnent. Pourtant nous pouvons voir à travers les murs. Nous sommes des cendres qui tourbillonnent. “

Vous avez aussi fait pas mal de featuring (Kamasi Washington sur « Deathless » ; Meshell Ndegeocello sur « Transmission »…) vous avez une collab dont vous rêvez ?

Toutes les collaborations de ce disque sont des collaborations dont on a rêvé.

Ce sont des musiciens que l’on a admirés depuis des années, c’est un honneur pour nous de les accueillir sur notre album .

Du coup après votre album c’est quoi la suite ?

Tourner, tourner, tourner.  Et faire chanter les gens, partout.


Photos : @Julien_Gremm


« ASH » – Sortie physique et digitale le 29.09.17