GEORGIO EST « DANS SON ÉLÉMENT »

Louise K Mambi

Figure incontournable de la scène parisienne, Georgio a sorti son troisième album « XX5 » fin 2018, après deux albums applaudis et une réédition très remarquée. Attentif à son public et sûr de son art, celui qui a conquis l’hexagone via internet a accepté de répondre aux questions de Da Vibe.

Rencontre avec le rappeur estampillé 18ème.

Il avance de façon nonchalante dans ce café typique parisien, et prend place auprès de notre photographe pour se prêter au jeu du shooting photo. A l’aise, il regarde l’objectif avec assurance, même si à demi-mot, il avoue être un peu fatigué d’une soirée qui s’est éternisé la veille. Georgio, est Parisien, né aux Lilas, il revient vers l’âge de 12 ans sur Paris, dans le 18e arrondissement pour ne plus le quitter. Fils d’un père auteur-compositeur de musiques de pub, il a toujours baigné dans la musique, elle y règne à la maison. « La musique chez moi ça a toujours existé, on a toujours écouté de la musique (…) et très jeune, j ai vu les studios ».

De ces premiers souvenirs musicaux à l’âge de 4 ans, il retient les cassette VHS d’Henri Dès qu’il regardait tout le temps et « Je pète les plomb » de Disiz, un single offert par son père à l’âge de 7 ans.  Ensuite, un peu plus tard il prend la claque rap qui ne cessera plus de l’habiter : « J’écoutais essentiellement du rock quand j’avais 10/12 ans jusqu’à ce qu’on m’offre In da club de 50 cent et c’est ce qui m’a vraiment retourné. Je me suis mis à écouter plus que du rapBeaucoup d’américains et ensuite beaucoup de français»

Enfant, sa scolarité se passe plutôt bien puis se dégrade petit à petit jusqu’à décrocher à l’âge de 16 ans. «En grandissant je trouvais plus ma place ni mon intérêt à aller en cours et en cours c’était vraiment la guerre.(…) Le système scolaire n’était pas convenu pour moi, mais apprendre, c’est quelque chose qui m’a toujours plu, mais pas avec leurs méthodes ». Son parcours scolaire n’abîme rien de son amour pour les mots et de sa volonté à exprimer les choses. C’est par le rap qu’il choisit très tôt de les dire « A 14 ans, j’écoutais du rap, et je me disais moi aussi je peux le faire moi aussi j’ai des choses à dire ! » Il écrit ses premiers textes, cherche des instrus sur internet et se tente à l’écriture : « Je ne savais même pas compter les mesures. Je ne savais pas comment ça fonctionnait mais j’écrivais. »  De façon instinctive, il livre ses premières productions, presque par nécessité, par survie : « Je me suis dit faut que ça marche, j ai pas le choix. (…) Il y avait un énorme paradoxe en moi. D’un coté, je n’ai pas le choix, faut que je perce, faut que je nique tout et d’un autre coté, ça me paraissait irréalisable. »

Il sort son premier projet à 16 ans sur son Skyblog musical, se soûle aux open-mics, et investit tous les espaces où son art peut s’exprimer en compagnie de ses potes. A 18 ans, il se lance dans ses premiers solos et enchaine les projets à hauteur de minimum un par an jusqu’en 2018.

Georgio livre un rap très proche de lui et de son monde. Chez lui, peu de fiction, il aime raconter son quotidien, ses sentiments, bons ou mauvais, tout en décrivant de son quartier en ambiance de fond.

Fait remarquable,  pour son premier album Bleu Noir sorti en 2015, il lance un crowfunding via la plateforme KissKissBankBank  et c’est un succès. « On rencontrait plein de labels et je sentais qu’il comprenait pas trop mon projet. Ce n’était ni trop gentil ni en même temps, agressif comme on pouvait en avoir l’image dans le rap. »  Il se dit qu’il peut le lancer avec son public, et ca prend : « Il y a beaucoup de personnes qui m’ont donné beaucoup de force et ça m’a beaucoup aidé. » Bleu Noir sera l’album le plus sombre de Georgio, traduisant ses sentiments de l’époque. Hera, son second album sort en 2016, et se présente a contrario du précèdent comme une ode à la vie « J’ai beaucoup voyagé, rencontré beaucoup de personnes après Bleu Noir (…), fais beaucoup de scène » ce qui lui permet de « sortir d’une spirale un peu sombre ».

Pour XX5, son dernier album sorti fin novembre 2018, le rappeur fait référence à son âge et à sa jeunesse passée. Cet album riche de 18 titres offre des sonorités mélodieuses ne perdant rien de la singularité de Georgio. 

Sur la pierre tombale qu’il choisit de mettre en scène sur la pochette, accompagnée d’une piscine à boules d’enfant servant de tombe, est inscrit en latin « Georgio XX5. Ma jeunesse a disparu, la suite n’en sera que meilleure ».

Louise K Mambi

Le suite, le meilleur? Une grosse tournée, déjà entamée qui prendra fin en juillet dont une date au Zénith de Paris le 15 mars à ne surtout pas rater.