UNE CONVERSATION X COELY

Au début du mois de mai on vous présentait la jeune rappeuse-chanteuse Belge Coely! De passage sur Paris, on lui a donné rendez-vous dans un petit bar du 10ème arrondissement. La jeune femme de 23 ans est aussi énergique et spontanée que dans ses sons et nous met à l’aise tout de suite. Après une présentation rapide elle nous raconte ses sentiments face à son ascension plus que rapide mais méritée

Pour moi c’était un rêve qui devenait réalité…Je ne pouvais pas imaginer que ça m’arriverai

Elle revient également sur ce qui l’a amener au rap en anglais, sur la scène belge en pleine expansion. Elle se livre aussi sur la production de son EP et plus particulièrement son titre On my Own

Ça parle de ce que j’ai vécu, tout ce dont je parle sur mon EP c’est ma réalité

On est à Paris alors forcément on en vient à ses goûts en terme de rap français, et en réfléchissant bien elle parvient à nous donner quelques noms bien connus.

Youssoupha, Kaaris, Diam’s…

Avec sincérité, Coely nous parle tout simplement d’elle, de son passé de son présent et…un tout petit peu de son futur.

Est-ce que tu peux commencer par te présenter pour ceux qui te connaissent pas encore ?

Moi je m’appelle Coely, j’ai 23 ans, je viens de Belgique, je chante et je rappe et je parle français (Rires)

En 2012 tu as été repérée par Beatville et tu es passée de la chorale aux première parties de J-Cole et Kendrick Lamar, comment t’as vécu cette ascension assez rapide ?

Bon, tu veux savoir ok. Maintenant j’ai 23 ans, à cette époque j’allais encore à l’école, j’aidais ma mère à la maison. Et quand j’ai commencer à vraiment faire de la musique, pour de vrai, j’avais un single Ain’t Chasing Pavment qui a fait un boum en Belgique. De là j’ai eu quelques contacts et quand les gens ont aimer ce qu’ils ont vu, j’ai eu cette chance de faire les premières partie de J.Cole, Kendrick Lamar et d’autres artistes…et pour moi c’était un truc de fou tu vois parce que à cette époque j’écoutais tous leurs morceaux j’étais super fan jusqu’à aujourd’hui. Et là mon manager m’a appelé pour me dire que je ferai les premières parties de tel et tel artiste. Et là pour moi c’était….je me souviens que je criais parce que tu vois t’es jeune, tu vas encore à l’école avec tes collègues, t’es une fille à maman… et là je peux être une artiste et faire la première partie de Kendrick Lamar. Donc j’ai fais ma première partie et tout le monde était chaud. Après je suis allée dans le public et j’étais comme les autres, toujours fan de l’artiste…Et tu peux pas savoir ce que ça fait…Tu vois c’est un truc de fou. Et chez nous la première partie c’était en ancienne Belgique, à Bruxelles et moi je connaissais pas parce que j’allais pas aux festivals, je sortais pas. Et quand j’ai commencé là bas les gens me disais « wahou l’ancienne Belgique, tu sais pas où est-ce que t’es » et moi je me disais « euh non.. », pour moi c’était juste une grande scène. J’aime la scène, si tu me mets sur scène je vais faire mon truc et je m’amuse. On me disait « y a beaucoup d’artistes qui travaillent très fort pour arriver là en ancienne Belgique » et moi j’étais là en train de faire la première partie de Kendrick. Tu vois c’est pas normal…C’est pas normal ! Mais pour moi c’était un rêve qui devenait vrai…Et je pouvais pas imaginer que ça m’arriverai. C’était un truc de fou, être sur le podium, la sensation, le public qui crie, qui crie ton nom. Et quand tu commences à faire ça, parce que je danse, je fais du beatbox mais je danse pas dans un groupe ou quoi, juste être artiste tu vois je fais tout ce que j’aime, les gens deviennent dingues. J’ai commencer mon concert les gens se demandaient « c’est qui elle ? » et à la fin de mon show tout le monde a mis les mains en l’air. Donc 2 000 personnes ont lever leurs mains pour moi. Et après c’était Kendrick Lamar, tu vois c’est fou, une sensation de dingue.

Est-ce que tu te souviens de la première chanson que t’as chanter sur scène ?

J’ai chanté Ain’t Chasing Pavment, c’était la première chanson. Mon single sorti en Belgique…C’était ça.

Et si tu devais donner ton plus beau souvenir sur scène ?

C’est l’ancienne Belgique. En mars, le 30 mars si je me souviens bien. J’ai pu faire un concert en ancienne Belgique, donc à ce moment là j’étais Kendrick Lamar. C’était sold out, 2000 personnes. Donc les gens ont acheté des tickets à 20 euros pour venir me voir ! On a beaucoup répété pour ça, c’était chaotique un peu…Et de savoir que y a 2000 personnes pour moi, que je suis plus la première partie c’était…What ?! C’est pas normal et j’ai encore des vidéos de ça en ligne. Si tu vois c’était un truc de fou. Y avait mon ami qui chantait d’abord et tout le monde cirait, alors tu sens la pression, the pressure. Et quand je suis montée sur scène tout le monde devenait dingue et criait « Ah Coely!!! ». Je me sentais comme superstar, là j’ai compris « ok t’es une artiste, c’est du sérieux, c’est VRAI » C’était sold-out ! Je me souviens encore de ce jour là…J’ai fais beaucoup de concert qui était bien mais c’est un des plus beaux.

Alors t’as commencé dans la chorale à l’Eglise avec ta maman, comment t’en es venue au rap ?

J’étais plus petite ma maman dirigeait la chorale à l’église et je chantais. Quand j’étais petite je captais tous les sons que j’entendais alors je commençais a faire des mélodies et je chantais chantais… Et tu grandis, tu grandis et tu commences à regarder MTV et tous les trucs comme ça. Et ouais j’étais profondément dans le hip-hop, j’écoutais Beyonce, Whitney Houston, Maria Carey, 50 Cent, Eminem, Jay Z, Biggie…je regardais tout tout ce qui passait sur MTV et y avait que des trucs hip-hop, des clips hip-hop, r’n’b, pop et je regardais tout ça. J’était dans le vibe des américains, je commençais à les imiter à rapper comme eux, tous les moves qu’eux ils faisaient. Et c’est comme ça que j’ai commencé à chanter en anglais, à la base j’étais chanteuse et le rap c’est venu quand j’avais 16 ans. J’étais dans un centre de jeunesse, et c’est là que j’ai rencontré aussi mon manager etc. Et les gars du quartier rappaient, on était tous potes du quartier. Et c’était que des garçons, des marocains, des blancs, des noirs tout ça, on était tous ensemble. Ils écrivaient des textes de rap et ils m’ont dit « Ouais Coely rappe un morceau! » mais moi je rappais pas j’ai dis « Oh non c’est pas mon truc je peux pas faire ça » et ils ont insisté « Aller rappe quelques chose que tu connais par cœur » Ok. Y avait un beat, je suis rentrée dans le move et j’ai commencer à rapper Moment 4 Life de Nicki Minaj, j’ai trop aimer le texte, c’est super. Mais j’étais timide, je rappais timidement tu vois. Ils m’ont demander « Ouais Coely rappe un peu plus fort » et j’étais ok je comprend pas…Mais quand tu chantes c’est une autre sensation, tu peux chanter que t’es amoureuse, que tu te sens pas bien, mais quand tu rappes c’est autre chose. Je me sentais étrange, j’étais fâchée, j’étais en colère, ça sortait comme ça, j’ai commencer à crier dans le microphone ! Tout le monde me regardait, le silence qu’y avait ce jour là je pourrais jamais oublier, t’entendais même pas une mouche faire zzzzz ! C’était pas normal et tout le monde était là « Mais c’est fini tu rappes mieux que nous on fait quoi ici ? » et depuis ce jour là j’ai commencé à faire du rap. Je savais pas que j’avais ça en moi, je connaissais quelques rap et tout mais pour moi c’était Alicia Keys. Et maintenant je rappe, c’est comme ça que c’est venu !

Et comment s’est passé la production de ton EP  que tu as sorti en avril ?

Oh ça a duré longtemps. En Belgique on avait des festivals et tout, on en a fait pleins. Après c’était le moment de faire un nouveau truc parce que on avait déjà fait un EP, et c’était le moment de relever le niveau et c’est ce qu’on a fait. Et ça a durer longtemps pour chercher, on a travailler trois ans et la première année on a tout jeter parce que c’était pas au niveau qu’on voulait. On a mit le niveau haut parce que on voulait vraiment aller loin et voir quel est notre style et il fallait que je chante tous les jours en studio pour voir ce que j’aimais faire parce que j’imitais toujours des autres voix mais quelle était ma voix ? C’est pas facile quand tu commences à faire de la musique, tu dois chercher. Ça doit faire un bon match avec le beat, si le beat n’est pas bien tu le changes, mais si tu le changes et c’est pas mieux et ta voix doit toujours aller dessus. Du coup tu dois toujours chercher pour avoir le niveau.

Est-ce que tu peux nous parler de ton titre On my own ?

(Rires) One my Own !  Ça parle de ce que j’ai vécu, tout ce dont je parle sur mon EP c’est ma réalité. Et moi et ma mère on a beaucoup vécu, je suis jeune et je cherche toujours qui je suis et qui j’ai envie de faire comme tous les jeunes. C’est pas parce que j’ai 23 ans que je cherche plus, tout le monde de 19 ans 20, 16, 15, même les vieux cherchent toujours. Et je me disais que la vie qu’on eu avec mes frères et ma mère c’était pas facile. On avait pas grand chose et on se débrouillait avec ce qu’on avait et on était toujours happy. Même si on avait une vie difficile on mettait toujours de l’énergie positive mais c’était pas facile. Et à un moment tu commences à te demander « je sais pas je sais pas, c’est comme si je me sentais seule, je sais pas où je me sens bien » tu vois, donc tu cherches quand t’es jeune. Et j’ai dû travailler, si on avait rien, quand j’allais au lycée après je travaillais pour gagner de l’argent. Je nettoyais les tableaux et les classes mais j’étais pas triste, je me disais « oh ouais je vais faire ça, comme ça quand je vais ramener l’argent à la maison on pourrait se débrouiller! » et pour moi c’était comme ça et j’avais 16 ans. Les jeunes de mon âge partaient à la maison ou dehors et moi j’étais à l’école jusqu’à 18h, 19h pour faire les trucs. Et quand je rentrais à la maison j’étais heureuse parce que « maman regarde ça ! » et on avait des trucs pour la semaine. Je prenais soin de mes frères, de ma mère…Et elle aussi elle a trop fait pour nous. Aujourd’hui j’essaye de redonner quelque chose. Je connais pas ton histoire mais je sais que tout le monde cherche. Souvent à la maison ou dehors avec tes copines c’est pas facile, et tu cherche toujours qui tu es et ce que tu veux faire. Mais moi je sais qu’à un moment tu trouvera !

Tu es belge, d’origine congolaise, ta langue maternelle c’est le français…Pourquoi as-tu choisi de rapper en anglais ?

C’est à cause de la télé ! Pour nous en Belgique c’est facile de regarder, on avait des programmes en anglais et les sous-titrages c’était en flamand, donc pour moi c’était facile de capter ces mots. En plus je me sentais bien quand je regardais MTV, j’aimais la langue, la culture américaine. Je me mettais vraiment dedans ! Et je pourrais pas rapper en français même si j’écoute des rappeurs français, je peux pas rapper en français parce que c’est pas mon truc. L’anglais c’est moi, j’ai grandis comme ça, je me sens plus à l’aise. Mais je parlais français quand j’étais jeune, mais là ça descend parce que je parle beaucoup anglais donc je cherche toujours un peu.

Mais t’écoutes quand même du rap français, qui par exemple ?

J’écoute Youssoupha, Kaaris, MHD,  Roméo Elvis il est pas français il est belge mais il est aussi cool. Hum…Maitre Gims, j’écoute Sexion d’Assaut, j’ai écouté Diam’s, j’ai écouté qui encore ? Aller y en a plein…j’ai oublier son nom là, le plus fort là le gangsta gangsta…

Booba ?

Non pas Booba…mais Booba wow ouais… Mais l’autre avec son truc la

La Fouine ?

LA FOUINE ! Olala ! J’ai écouté beaucoup et aujourd’hui encore les nouveaux artistes qui sortent, mais j’aime le rap français oui. Et mon frère aussi !

Justement tu nous parlais de Roméo Elvis, le rap belge commence à prendre pas mal d’ampleur même en France. Je pense par exemple à JeanJass & Caballero, Roméo Elvis, Damso… T’en penses quoi ?

C’est bien ! je suis super heureuse qu’on ai ça en Belgique parce que le hip-hop ça commence à monter, y a pleins de noms. Le côté français, le côté anglais, y a plein de monde! Le hip-hop ça commence à grandir et c’est cool! En dehors de la Belgique on peut dire « Regarde ce qu’on a ici, nous aussi on a quelque chose » We represent ! C’est important et je suis vraiment heureuse. C’est vraiment important parce que ici en France oui bien sur y a beaucoup d’artiste, c’est gros. Et maintenant ça commence à venir en Belgique et on avait besoin de ça.

Y a un artiste avec qui tu aimerai collaborer ?

En France ?

Un français, un américain, belge…?

Ouais j’espère faire quelque chose un jour avec Kendrick Lamar. Je dis toujours ça mais je sais pas il a quelque chose de spécial et j’ai envie de savoir comment il fait. C’est quoi sa manière ? Aussi la façon qu’il rappe, il a différents caractères…Même si le sujet est sérieux il a toujours quelque chose de cool, je sais pas comment il fait. C’est son flow hein, et la musique…Il a toujours quelque chose de spécial, et les gens qui font des choses spéciales ça m’attire. J’aime trop la musique, je vous jure j’aime trop la musique !

Donc comme on l’a dit t’as sorti ton EP en avril, la suite c’est quoi ?

La suite c’est un album…

En préparation déjà ou…?

Oui ! On travaille fort et je crois que ça va être bien. J’ai un bon sentiment !

Photos @yambl

Remerciement Cindy Brival (Barclay/Universal Music) +  « La Colonie » – 128 Rue la Fayette, 75010 Paris.