MAC MILLER – THE DIVINE FEMININE [CHRONIQUE]

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Mac Miller, le rappeur de Pittsburgh, nous offre son quatrième album The Divine Feminine. Il n’essaye pas de définir ou d’examiner la féminité. En effet, à aucun moment dans ses textes, il explore ce qu’est réellement la féminité.  The Divine Feminine ne ressemble en rien à son album GO:OD AM sortit l’an dernier. Celui-ci parle d’amour, Miller le voit comme « l’énergie féminine de la planète ».  Il aborde de façon microscopique, de petits sujets à propos de la romance afin de comprendre l’univers en entier. Poétique le rappeur.

Quand Miller parle de The Divine Feminine il parle en fait de l’univers, la distance entre deux personnes, le décryptage de l’amour à son sens idéologique. Il souhaite jouer l’album pour un couple et les regarder lentement réduire la distance entre eux, dans leur chambre. Dans une interview à i-D, il dit « je veux que les gens mettent le disque, c’est un rencard à lui-même. Je veux que les gens aiment ce disque et réalisent qu’ils peuvent s’aimer. » Il y a une vraie connexion à propos de son idée de l’espace et de l’intimité. Tout parle du contact et du fait d’être ensemble, de fermer le vide entre les gens. C’est de grandir à part et d’évoluer à l’unisson, et toutes les étapes entre ces deux niveaux. C’est d’éplucher et d’exposer toutes les écorces de l’amour; l’aspect romantique, sensuel, charnel et décourageant.  C’est le meilleur projet réalisé par Miller, une odyssée émouvante de compositions qui fait remonter considérablement le niveau de ses anciens morceaux (déjà très bons).

Mac Miller a relevé le niveau depuis ses débuts avec Blue Slide Park, un premier projet qui sonnait faible. Il s’est maintenant établit comme un rappeur de qualité. Il s’est entouré des bonnes personnes depuis son succès Watching Movies With the Sound Off en 2013. Il semble plus à l’aise dans sa peau à chaque projet. The Divine Feminine plaira à tous les amoureux de la musique. Il n’y a aucun exercice lyrique, d’exhibition égocentrique ou de structure de phrases particulières pour dire que c’est du rap, car il y a plus de chant que de rap dans cet album. Ça reste néanmoins un opus nuancé, un disque dans lequel il s’abstient de parler de sa personne mais qui curieusement relève son individualité progressivement. Il a tout fait seul… avec l’aide de ses amis.

L’album incorpore des musiciens de divers domaines sans perdre son fil conducteur. L’empreinte de sa soulmate Ariana Grande se ressent tout au long de l’album; sa présence vocale, leur duo, son aura positive imprègne Mac Miller. Cee-lo Green chante sans faute et apporte son énergie à la chanson « We ». Miller et Kendrick Lamar évoluent en tandem, combativement mais sans tension sur le morceau “God Is Fair, Sexy Nasty”. Des étudiants de la faculté de Juilliard (école réputée de spectacle de New York) jouent du violon sur l’album et ils excellent sans faute. Ty Dolla $ign joue le gentleman sur le morceau “Cinderella”.

Tel un groupe mené par la vision de Miller, ensemble, ils fondent le guide de l’amoureux de l’univers. The Divine Feminine possède une palette de sonorités multiples;  Anderson Paak amène sa funk sur le morceau « Dang », on retrouve du jazz sur « Stay », et même un mix d’électro + R&B. Ainsi qu’une puissante fusion de jazz et rap amenée par le pianiste Robert Glasper. The Divine Feminine montre les différents goûts artistiques de Mac.

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L’album ne dispose que de 10 titres mais c’est son projet le plus concis et travaillé de sa carrière. L’opus commence comme une mixtape mais il devient un album lorsque Miller décide d’assembler ses idées. A travers ses 10 titres, il l’observe l’amour comme une expérience humaine, sans froisser aucune croyance de l’auditeur.  “Dang!” et “Stay” examinent la perte de l’amour. Son duo avec Grande est en vrai la lente reprise du titre de One Direction “What Makes You Beautiful”. Mais la chanson la plus sensible reste “Planet God Damn”, elle aborde le sujet de la vulnérabilité.

De plus près “God Is Fair, Sexy Nasty” raconte comment cette femme tombe amoureuse de son mari, ponctuant l’histoire avec le mantra: « Ce qui est important est d’aimer, le respect et savoir se préoccuper des autres ». Le type d’union pour lequel Miller se bat, ce qu’il appelle « la plus belle histoire d’amour ». The Divine Feminine ne chasse pas seulement cela, il embouteille l’essence même de l’amour.