MIGUEL – WILDHEART | CHRONIQUE

Amoureux inconditionnel du R’n’B ou simplement étrange, il est difficile de dire qui ou qu’est ce que Miguel veut vraiment être, dans tous les cas cela peut apparaître comme une vraie force.

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Sur le troisième album de Miguel Jontel Pimentel apparaît un son nommé « What’s Normal Anyway » (Qui a-t-il de normal après tout ?). Sur des airs de douce guitare, l’artiste de 29 ans à l’apparence morose suggère que son unicité et son individualité l’empêche de vraiment s’intégrer à la société «too square to be a hood nigger… too out of touch to be in style… too far out for the in-crowd… I’m in a crowd and i feel alone.»
Bien évidemment les stars de la pop disent toutes des choses de ce genre en parlant d’elles. Vous pouvez simplement prendre cela comme une expression d’humble vantardise , fréquemment sortis de la bouche d’artistes qui donnent l’impression d’être aussi unique qu’une boite de Pringles. Le pire est que cette expression d’unicité vient habituellement sous forme de prélude afin de décrire les pop stars comme débitant une tonne de d’horribles mots mêlant motivation et peur dans les couplets suivants, disant qu’il faut accomplir ses rêves, et comment nous pouvons réussir quelque chose si nous restons nous-mêmes. Cela dit, Miguel a de sacrées preuves pour illustrer ses propos. En effet, sa carrière jusqu’ici a connu des hauts, ses deux derniers albums ont atteint le million de ventes aux US, mais elle a aussi été marquée par le sentiment que l’industrie de la musique ne savait pas quoi faire de lui. Son album paru en 2010 lui a donné une étiquette de lover, de « sex symbol » auprès des femmes, mais cette image ne collait pas tout le temps avec sa facette de « mec bizarre ». En 2012 avec son album Kaleidoscope Dream il a très vite été assimilé à des artistes tels que The Weeknd et Drake, qui avaient une réputation « d’artistes R’n’B beaux gosses mais dépressifs ». Après avoir écouté des sons comme Do You… ? Ou How Many Drinks ? vous pouvez comprendre pourquoi. Pourtant ça ne collait toujours pas car trop de références musicales curieuses.

 

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Effectivement, en écoutant Wildheart on se demande toujours si Miguel sait réellement ce qu’il veut être, il existe certainement deux versions de lui. L’une d’entre elles serait celle du lover représenté dans les photos accompagnant l’album ; un homme au jean déchiré avec une grosse déchirure au niveau de l’entrejambe suggérant que ses testicules pourraient faire une apparition non planifiée. Ou encore apparaissant nu entouré de fumée s’agrippant à une femme également nue qui à l’air épuisée, sûrement après avoir vécu une expérience sexuelle frénétique détaillée dans le son NWA « She did it ‘til she OD’ed ». Miguel n’a aucun problème a joué le rôle du lover priapique, les sons NWA, et The Valley sont vraiment fort. Cela dit, en privé il est occasionnellement possédé par une manière plutôt étrange de faire les choses «I’m your pope »a-t-il chanté à un moment donné dans The Valley. D’autre part, ce n’est pas tout ce qu’il dit, comme lorsqu’il ne cesse de répéter d’une façon robotique « Lips, tits, clit» tel un homme énumérant ses fantasmes face à sa bien aimée.

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Mais le monde est déjà bondé de d’artistes R’n’B lovers tels que Miguel, et c’est dans son autre incarnation (observateur de la vie quotidienne à LA) que l’artiste est le plus fascinant. Ses paroles sont à la fois pleines d’empathie et d’ironie, capable de citer de nombreux clichés, de dénoncer l’immoralité de la drogue à Hollywood, les politiques etc. Ses derniers albums étaient plutôt diversifiés et éclectiques, mais avec Wildheart on retrouve Miguel avec sa propre signature musicale, qui ne ressemble à aucune autre. En toute objectivité, Miguel est actuellement le premier artiste de ces dernières années à offrir à son public une musique d’un nouveau genre mixant la pop des années 80, avec des prods venues d’ailleurs. Miguel sait comment déployer toutes ses facettes musicales pour faire plaisir à ses auditeurs. Sa bizarrerie plait à ses fans et est amplifiée par le fait qu’elle prenne différentes et d’improbables directions. Pour une fois, une pop star clamant sa propre unicité et sa propre individualité fonctionne auprès du public