RENCONTRE AVEC LES FONDATEURS DE L’AFROPUNK

Ce weekend, Paris accueillait la première édition outre-atlantique du festival Afropunk. Créé au début des années 2000, c’est au Trianon de Paris que s’est déroulé l’événement. Quelques heures avant l’ouverture des portes, Da Vibe a pu s’entretenir avec les fondateurs du festival. Lisez l’interview ci-dessous.

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Pouvez-vous présenter le concept d’Afropunk ?

De base, Afropunk est un film sur des chanteurs de rock noir. L’Afropunk c’était un groupe de jeunes artistes de couleurs qui n’étaient  pas considérés par les gens comme faisant parti de la culture afro-américaine mainstream. A l’époque les gens n’avaient jamais vus des jeunes noirs faire du punk rock, habillé tout en noir. L’Afropunk sert à changer la vision du grand public sur la culture afro-américaine et de mettre en avant ces artistes qui sont différents.  La plupart du temps, les gens pensent qu’être noir se résume à écouter du Rap ou du R&B et à manger du poulet fris.

Est-ce que vous essayez encore de garder l’esprit rebelle du festival ?

Oui absolument ! L’Afropunk est un festival de rebelle. En essayant de changer l’idée qu’on les gens sur notre culture, c’est notre façon à nous de se rebeller.

Comment choisissez-vous les artistes qui participent au festival ?

Il y a deux façons. Aux Etats-Unis il y a ce qu’on appelle « Battle Of The Band ». Des groupes de notre communauté qui ont un profil sur notre site (afropunk.com) peuvent postuler et ce sont les fans qui votent. Après ça, les groupes sélectionné doivent venir faire un show, on observe leur performance et si l’audience décide qu’ils sont bons, ils participent au festival. C’est la première façon. Ça permet aux gens de découvrir des jeunes artistes, c’est aussi ça Afropunk, une plateforme de découverte. L’autre façon c’est juste que Mathews a de très bon goût. Il sait ce qu’il veut chaque année et l’atmosphère général qu’il veut dégager du festival.

Mais pour certaines personnes, quand on choisit de artistes comme Young Paris, qui est plutôt un artiste Hip-Hop, ils nous disent ce n’est pas Punk mais on leur répond c’est « Afropunk ». Peu importe le style musical, si l’artiste arrive à créer sa propre musique et à être différent, alors il a sa place ici. Ce que l’on veut c’est encourager les gens à sortir des normes.

Il faut aussi avoir une certaine prestance sur scène qui laisse les gens bouche bée parce que beaucoup de gens viennent voir les concerts mais ne connaissent pas l’artiste, il doit donc conquérir un nouveau public. Des artistes comme Young Paris ou encore Willow et Jaden Smith font ressortir toute leur personnalité sur scène parce qu’ils s’en foutent de ce que les gens peuvent penser d’eux. Je pense qu’on devrait tous être comme ça, on devrait tous être différent les uns des autres.

Pourquoi avez-vous choisi Paris pour cette première édition Outre-Atlantique ?

On n’a pas choisi Paris, Paris nous a choisi ! L’éditeur en chef de notre site vie à Paris, il vient de Martinique mais habite ici depuis longtemps. Notre site est géré depuis Paris et beaucoup de gens ne savent pas ça.

Quels est votre meilleur souvenir du Festival depuis sa création ?

La plupart du temps on a tellement de travail qu’on a du mal à apprécier le festival mais juste de voir les gens passer du bon temps c’est toujours extrêmement satisfaisant. Mais un de mes meilleurs souvenirs était il y a deux ans, un groupe appelé Trash Tallk a demandé à la foule de jeter les barrières. C’était effrayant et dangereux et au milieu de la foule, alors que tout le monde balançait les barrières, il y avait un photographe debout avec sa caméra pointé vers la scène. Je me demandais « c’est qui ce mec ? Il est fou »

Est-ce que vous comptez organiser une édition d’Afropunk en Afrique ?

Oui ! On doit beaucoup réfléchir à la façon dont nous allons organiser ça mais il y a beaucoup de choses que nous devons encore changer tout en gardant le même message. Mais nous serons de retour à Paris l’année prochaine. Nous voulons également organiser plus d’événement durant l’année. Nous voulons essayer de faire 4 ou 5 événements par année.

Quel est votre opinion sur les événements qui se passent à Fergusson et Baltimore ?

Arrêtez de nous tuer ! C’est un sujet complexe mais à travers la peine qu’endure la communauté afro-américaine ces derniers temps, le monde s’est rendu compte qu’il y  un problème. Des gens meurent tous les jours ! L’aspect positif de  tous ces événements et manifestations est que le sentiment d’unité est en train de revenir au sein de notre communauté mais nous devons trouver le moyen de faire ça sans perdre des vies.

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photos : Karlton Seydi