UNE CONVERSATION x KALASH

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Immaculé de blanc de la tête aux pieds, sans oublier ses lunettes teintées de noire, l’interprète de Bendo à fait l’effet d’une bombe aux Antilles. Né à Strasbourg, Kevin Valleray, de son vrai nom, a du rejoindre « l’île aux fleurs » dés son plus jeune âge. Mais aujourd’hui,  Kalash, nous attend dans les locaux de MPC Prod, dans le 10ème arrondissement de Paris.

Le 6 mai dernier tu as sorti son dernier album Kaos, dis-moi en quoi il est différent des derniers opus que tu as pu faire avant ?
Musicalement il représente vraiment l’artiste que je suis maintenant. Avec le temps tu trouves vraiment ta touche à toi, tes marques, là où tu es à l’aise, là où tu peux exceller et c’est là que j’ai vraiment pu faire ce que je voulais faire depuis longtemps; c’est-à-dire mélanger la dancehall, reggae, hip-hop à ma sauce avec des prods qui me vont et faire un album complètement à l’aise quoi. Où tu peux enregistrer 50 morceaux en 8 mois sans te forcer. Je l’ai vraiment fait comme ci je me réveillais, je vais aux toilettes, je le fais naturellement.

Qu’est-ce que tu penses avoir apporté de plus au public français avec ton dernier album ?
Je pense que dans l’univers urbain français j’ai la touche antillaise qui avait déjà eu avec Admiral T par exemple, mais là je l’ai vraiment mise dans le hip-hop du moment c’est-à-dire que temporellement ça va avec le temps. À l’époque comme Bendo ou E.T ou NWA, les trucs actuels c’est assez sombre, ça peu se danser, ça peut s’écouter,  ça peut être se jouer dans un club pro-hip-hop, ça parle à plus de personnes, avec le chant, les mélodies tout ça..

Dans ton album il y a bien le duo avec Booba sur Rouge et bleu, mais aussi sur N.W.A. Comment vous êtes arrivés à travailler ensemble ? Comment vous vous êtes rencontrés, comment ça s’est passé ?
On s’est rencontré aux Antilles, il y a 6 ou 7 ans. Il était venu une première fois en concert à Champérigne et après au stade Louis Achille. Une fois, j’ai fait sa première partie, donc là on s’était check vite fait puis on s’est revu à Miami dans son studio, où j’ai enregistré la majorité de mon album et c’est là qu’il a fait Neronémis, D.U.C tout ça, on s’est vu là quoi. On a fait Rouge et Bleu et ensuite N.W.A.

Qu’est-ce qu’il a pu t’apporter de plus que d’autres artistes n’ont pas pu te donner ?
Il a de l’expérience, il a une autre technique d’enregistrement. Quand tu travailles avec quelqu’un qui a beaucoup plus d’expérience mais qui partage ta vision des choses, c’est-à-dire la musique, ça doit être fait naturellement peu importe le style, peu importe ce que tu as envie de dire, il faut rester vrai et dire ce que tu as à dire, peu importe la langue. Il m’a beaucoup répété ça, de ne pas faire attention au français, au créole, créole haïtien, créole martiniquais. C’est d’avoir confiance dans ton truc, c’est ce qu’il dégage depuis toujours : la confiance et imposer son style.

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Avant de signer chez Capitol, tu travaillais en tant qu’artiste indépendant. Depuis que tu as signé est-ce qu’il y a quelque chose qui a changé dans ta façon de travailler, dans les collaborations à venir  ?
Ce qu’il y a changé déjà c’est l’appui financier, c’est déjà un bon point ça. Et puis là je suis dans une autre démarche, je défends un album alors qu’avant je pouvais enregistrer un morceau le mardi, faire la vidéo le mardi dans la nuit et il va sortir le mercredi. Je peux toujours le faire mais là je suis dans un truc plus structuré où l’on fait chaque pièce l’une après l’autre. On est plus encadré aussi. On a des équipes avec nous donc c’est une autre façon de préparer les sorties de sons. Mais ça n’a rien changé au niveau de ma musique de mes choix, de ma liberté, ça n’a rien changé.

Maintenant tu évolues dans le rap français, on t’a découvert en tout cas je t’ai découvert avec Bendo et Chanson de Mwaka. Mais est-ce que tu choisis volontairement tes inspirations reggaa dancehall ou tu le fais naturellement ?
Je le fais naturellement parce que je ne suis pas rappeur. Quand une prod hip-hop me plaît, comme pour Bendo ou Chanson du mwaka je le fais naturellement comme ça vient mais je ne suis pas rappeur, donc ce n’est pas du rap, c’est une prod rap mais je chante dessus, Chanson du mwaka c’est un flow dancehall donc je le fais à ma sauce comme je sais le faire en tout cas.

Et tu écoutes quoi comme autres styles de musique ?
J’écoute de la soul, j’écoute un peu de variété française, un peu de reggaeton, un peu de zouk, un peu de tout à vrai dire.

Pour toi, c’est plus simple de rapper en créole, en français, les deux ?
En créole ! C’est plus simple pour moi.

Pourquoi ?
Si l’inspiration vient en français, ça va être facile mais la majorité du temps ça vient en créole puisque c’est le langage que je parle le plus souvent, c’est comme ça que j’arrive à faire passer le plus d’émotions,  à imager le plus de choses. Donc en créole c’est clair que ça vient toujours plus facilement.

Grâce à ton style qui t’est propre, que soit vestimentairement parlant ou dans la musique, tu es devenu une véritable star aux Antilles et tu commences maintenant à te faire un nom sur le sol français, comment tu vis cette nouvelle notoriété ?
Pour moi c’est que du bon. Je le ressens dans les concerts, dans les shows, sur internet avec la réaction des gens, quel type de gens, quelle communauté, donc je vois que le truc évolue mais au niveau de ma vie personnelle, c’est toujours pareil. Je marche toujours où je veux, les gens m’accueillent toujours bien. Il n’y a pas eu de bouleversement vu que j’avais déjà des années de carrières aux Antilles et j’étais déjà habitué très jeune parfois aux émeutes, aux gens qui courent derrière la voiture. Je ne suis pas dépaysé quoi.

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©Kopeto

Maintenant que ta carrière est très bien lancée, est-ce que tu as des regrets par rapport à ce que tu as pu faire avant ?
Non, non non, j’aurais aimé avoir certains  avant mais bon les beatmakers n’avaient pas encore cette inspiration là, c’était pas encore cette vague là. Tout se fait en temps et en heure, donc j’ai pas de regrets.

Si tu n’avais pas évolué dans la musique, tu aurais voulu faire quoi ?
J’ai jamais su. J’ai toujours voulu faire de la musique depuis petit et j’ai toujours dit que j’allais le faire. Je disais que je chanterai à la Cigale, à l’Olympia, j’irai chanter au Canada, à Miami, c’est ce que j’avais en tête et j’ai toujours dit ça.

Tu as quand même réussi au final ?
Oui heureusement ! J’ai réussi à atteindre mes objectifs.

 

Ry’t