Cela fait maintenant une dizaine d’années qu’Elisa Parron parcourt les salle de concert et les pelouses de foot. Du haut de ses 26 ans, la photographe a décidé de créer un pont entre deux univers étroitement liés depuis des années : le rap et le football. Elisa Parron nous fait découvrir ces deux univers à travers son livre « NUMÉRO 10”
Tu as l’habitude de travailler avec des rappeurs qui sont souvent en promo, qu’est ce que ça te fait de te retrouver dans leur positions ?
Je suis pressé que le livre sorte. Je trouve ça marrant, parce que j’ai l’habitude de les accompagner. Je me posais souvent la question “comment ils font” “comment je ferais à leur place”, et finalement c’est plus simple que ce que je pensais parce que tu parle de quelque chose que t’aime et que tu as créé du début à la fin, donc finalement c’est moins compliqué que ce que j’imaginais.
Comment as-tu commencé la photo ?
A l’époque, je sais plus pourquoi, je voulais un appareil photo parce que j’aimais prendre des photos. Puis est venu le moment où on m’a posé la question “qu’est ce que tu comptes faire de ta vie”, et moi à ce moment-là j’avais des ambition de faire quelque chose qui liait l’art et le social, comme musicothérapeute. A cette même période là, j’ai toujours des photos et un jour on m’a dit “il existe des métiers dans l’art qui correspondent à tes ambitions”. A partir de là on m’avait parlé de faire une école de photo, mais je ne me suis pas inscrite la première année parce que pour moi, y avait pas de raison que je sois prise par rapport à un autre. Mais l’année suivante je me suis dis qu’en vrai, je n’avais rien à perdre et finalement, j’ai été prise. Au moment de la rentrée, on m’a posé la question “qu’est ce que t’aime prendre en photo ?” et à ce moment là je me rends compte que je n’y avais jamais réellement réfléchi. C’est là que je me suis rendu compte que la musique m’intéressait particulièrement. Le souci c’était que dès les premiers cours je me suis rendu compte que j’étais dans un cadre scolaire et que ça ne me correspondait pas. La chose qui m’a le plus aidée, c’est l’aspect technique de la photographie. Le fait qu’on avait une semaine sur deux ou on devait faire de la pratique, j’ai commencé à envoyer des mails ici et là pour des accréditations.
D’où t’es venu l’idée de faire un livre ? Qu’est ce que ça représente pour toi ?
Une fois on m’a dit “avec tous les clichés que tu as, ça pourrait être cool d’en faire un livre”, et l’idée n’est jamais sortie de ma tête. J’ai ensuite passé un an à le préparer, mais ça a pris du temps avant que ça se concrétise, parce que je me mettais des “fausses” barrières à moi-même, je me posais beaucoup de questions comme “est ce que j’aurais le droit de sortir les photos du PSG ?” “comment je trouve un éditeur ?”. Puis finalement quand je me suis sentie prête, je me suis lancée et les choses se sont construites d’elle-même. C’était aussi très important pour moi de pouvoir avoir mon travail en physique, de pouvoir le toucher parce qu’à une époque comme la nôtre où tout est concentré sur le digital, je trouvais ça important de pouvoir revenir à un format comme le livre.
Dans ta carrière de photographe, pour toi c’est un accomplissement ou un projet de plus de réalisé ?
Pour moi, c’est un projet. C’est le premier projet que je fais dans le “réel”, qui est palpable, donc certes il est très important pour moi, mais je le vois plutôt comme un début. Ça me permet de savoir que je peux faire plus de projets comme celui-ci.
Du coup si tu fais d’autres projets, tu les envisages comme des suites ou des projets distincts ?
A l’origine je me suis dis que ça aurait pu être intéressant de faire une collection, et puis je me suis rappelé qu’avec un métier comme photographe, on découvre énormément de choses. Du coup, je pense que le mieux serait de partager ces nouveaux horizons là. Bien sûr, je continuerais de prendre en photo le monde du rap et du foot, mais je pense qu’il y a aussi d’autres choses à mettre en avant, comme la place des femmes. Après avoir fait un livre entier où il n’y a que des hommes, je pense que ce serait intéressant de centrer un projet dessus.
Qu’est ce que ça fait d’être une femme parmi deux monde essentiellement masculin ?
Au début, je réalisais pas que j’étais la seule femme. Pour moi, j‘étais simplement un être humain entouré d’être humain. C’est quand j’étais confronté à d’autres personnes que ceux avec qui j’avais l’habitude de bouger que j’ai réalisé ça. Après, si on regarde bien, dans les deux univers, autant dans le foot que dans le rap, y a des femmes, que ce soit dans les label de rap ou au PSG, même si c’est pas à la même échelle, y’en a. Et surtout, la chose importante c’est qu’il faut se dire que c’est des domaines où les gens travaillent de leur passions, donc c’est pas la même chose que dans des bureaux. Tout le monde travaille dans ce qu’il aime et c’est tout ce qui importe.
Comment le rap et le foot sont venus à toi ?
Les deux sont venus en même temps je pense, ça a toujours fait partie de ma vie. Mon père aimait regarder le foot, donc j’ai très vite été attiré par ça, surtout que c’était de là que venaient souvent les plus grosses émotions et ça se voyait. Après pourquoi le foot et pas de photo alimentaire ? Je saurais pas te dire parce que c’est venu à moi très naturellement. Pour le rap, c’est mon grand frère qui m’a fait découvrir le rap. C’est lui qui en écoutait à l’origine et je me suis vite retrouvée à faire comme lui.
Du coup c’est quoi les premiers sons que t’as écouté de rap ?
A l’époque, je pense que c’était beaucoup de Booba et Orelsan. A ce moment-là, ça paraissait agressif, mais moi je le voyais plutôt comme des histoires qu’on racontait, que j’arrivais à visualiser. Mon truc c’était le rap conscient, même si Booba est plus dans l’égotrip, je pensais qu’il faut les deux pour rendre le rap aussi beau qu’il ne l’est actuellement.
Qu’est ce que ça t’a fait de travailler avec les artistes que tu écoutais ?
Ça m’a jamais fait de choque parce que j’ai jamais été “fan” au sens propre de quelqu’un. Pour moi, tu rencontres juste celui que t’écoute depuis un moment, c’est comme la dernière pièce du puzzle. Tu peux avoir l’impression que tu connais quelqu’un en écoutant ses sons, et le fait de les voir ça te permet de voir la continuité de tout ça, si ce que tu écoutes correspond à son image dans la vraie vie.
Qu’est ce que tu peux nous dire sur ceux que tu remercie dans le livre ?
Ces personnes que je remercie sont ceux qui m’ont aidé, ceux qui m’ont fait confiance, qui m’ont accompagné et qui ont fait que je suis celle que je suis aujourd’hui.
Le premier livre d’Elisa Parron retraçant ses 8 premières années entre le rap français et le Paris Saint-Germain est disponible depuis le 15/12